Apprenez à gérer les émotions de vos enfants – Magic Maman

Le langage s’acquiert généralement vers trois ans, mais le langage des émotions arrive beaucoup plus tard. L’enfant est dans la capacité de pouvoir vraiment exprimer ses émotions vers cinq ou six ans. Avant, elles se manifestent surtout corporellement. Les adultes doivent donc être en mesure de décoder les émotions qui traversent leurs enfants. En effet, les petits ont besoin de se sentir compris, car dans le cas contraire, cela pourrait engendrer de la frustration. Il est important aussi qu’ils ne se sentent pas jugés ! La psychologue Anne Gatecel livre ses conseils.
C’est le 14 Juillet. Vous êtes sortis voir le feu d’artifice. Dans la rue, des vendeurs proposent des bâtons phosphorescents. Votre petit n’a d’yeux que pour eux. Il vous tire par la manche : « Maman, j’en veux un ! » Devant votre refus, il se jette par terre et pousse des cris stridents.
Décoder la colère de son enfant : lorsque votre enfant est en colère, son corps va se mettre en tension : “On appelle cela un recrutement tonique”, explique la psychologue clinicienne Anne Gatecel. Dans cette situation, si votre enfant n’est pas couché alors qu’il est minuit, il doit sûrement être fatigué. Ce bâton lumineux, votre enfant se voyait déjà avec. Par sa colère, il cherche à gérer sa frustration. Il va donc sûrement se mettre à hurler car il n’arrive pas à se contrôler. “Aux alentours de trois ans, il commence à s’exprimer à la première personne du singulier, et il va être frustré de ne pas pouvoir s’affirmer comme il l’entend”, précise l’experte.

Réagir à la colère : votre enfant est hors de lui, vous avez l’impression qu’il se transforme en Hulk ! Il n’est pas toujours évident de rester calme. Il va pourtant falloir vous armer de patience. “Dîtes-lui qu’il a le droit d’être en colère, que vous comprenez sa réaction. Expliquez-lui calmement pourquoi vous ne pouvez pas satisfaire son envie”, conseille la psychologue. Cherchez vraiment à comprendre ce qu’il ressent, sans jugement. Vous pouvez également lui proposer des alternatives. Ce soir, il ne pourra pas avoir ce bâton lumineux, mais demain vous avez prévu d’autres activités qui lui feront plaisir. Prenez la mesure de son désir. Néanmoins, il serait injuste de refuser tout achat sous prétexte qu’il n’en a pas besoin. Tout est question de mesure. Il ne faut pas céder à tous ses caprices, mais une petite entorse de temps en temps pourquoi pas, car sinon il pourrait penser qu’il lui suffit d’être en colère pour obtenir ce qu’il veut.

Ce qu’il faut éviter : même si vous êtes sur le point de sortir de vos gonds, il ne faut pas humilier votre enfant. Ne lui dîtes pas “non” sèchement, et ne lui criez pas dessus : “ne lui dîtes pas qu’il n’a pas à être en colère. Il ne faut ni le punir, ni s’énerver, même si les enfants sont parfois un peu théâtraux !”, ironise Anne Gatecel. Il doit au contraire savoir que l’expression verbale de ses émotions les plus violentes ne détruit pas l’amour que vous avez pour lui.
Votre enfant a lâché son joli ballon rouge gonflé à l’hélium, qui s’est échappé dans les nuages. Il est inconsolable, il garde les yeux obstinément fixés sur le ciel et surveille le petit point qui s’éloigne en hoquetant de chagrin.

Décoder la tristesse de son enfant : “contrairement à la colère ou l’enfant est dans un recrutement tonique, là il sera plutôt dans l’affaissement, avec des yeux larmoyants”, explique l’experte. Il est important de reconnaître son émotion, lui dire qu’il a le droit d’être triste : “ce n’est pas parce qu’il est petit, que son chagrin l’est aussi, car à la hauteur de sa vie, cela peut être une grosse peine”, poursuit Anne Gatecel. Accompagnez-le, dites-lui que vous comprenez sa tristesse, que c’est sûrement dur pour lui de voir partir son ballon. Si c’est la première fois que cette mésaventure lui arrive, vous pouvez, si vous en avez envie, lui en acheter un autre, tout en faisant en sorte qu’il tire la leçon de ce qui vient d’arriver. Demandez-lui par exemple ce qu’il aurait pu faire pour ne pas que cela se produise, et pour que ce genre de petit incident n’arrive plus à l’avenir.

Réagir à la tristesse : pour Anne Gatecel, il est important d’entendre sa tristesse. “Cela suppose d’être disponible pour lui. On l’écoute et on le réconforte”. Il faut qu’il se sente écouté. Ouvrez-lui vos bras pour qu’il puisse s’y réfugier et laisser libre cours à ses larmes. Elles l’aident à ne pas enfouir son émotion. La psychologue conseille également de “lui partager des peines que vous avez vécues, pour qu’il se sente moins seul. Essayez d’être un appuie pour lui, pour qu’il n’ait pas l’impression de gérer individuellement son émotion.” Regardez avec lui le ballon qui s’éloigne dans le ciel, dîtes-lui qu’il s’en va vers les nuages et qu’un beau voyage l’attend.

Ce qu’il faut éviter : ne lui dîtes pas de ne pas pleurer. Voir son enfant pleurer c’est difficile, on voudrait faire disparaître sa peine, mais c’est important qu’il ne la garde pas pour lui. “Evitez de détourner son attention sur autre chose en le mettant devant un dessin animé par exemple”, préconise l’experte. En effet, il est important qu’il accueille sa peine.
Il avait demandé du ketchup sur ses pâtes, vous vous êtes trompé et avez mis du gruyère. Les yeux obstinément fixés au-dessus de la table, votre enfant ne desserre pas les dents et refuse de toucher à son assiette. Mais il va bouder longtemps comme ça ?
Décoder la bouderie de son enfant : la bouderie est un langage. Elle signifie qu’il y a une souffrance, une frustration chez l’enfant. Parce qu’il ne se sent pas entendu, votre enfant préfère s’enfermer ostensiblement en lui-même. Comprenez-le. Il voulait du ketchup, vous avez mis du… gruyère et vous semblez considérer qu’il n’a qu’à manger ce qu’il y a dans son assiette. Les adultes ont souvent tendance à penser qu’ils sont supérieurs. Et que les enfants, puisqu’ils sont dépendants d’eux, n’ont qu’à obéir. Mais quand votre petit demande du ketchup, il ne cherche pas à prendre le pouvoir. Il cherche simplement à exister, c’est une façon de dire qu’il a le droit d’avoir des goûts et des désirs. “Il faut savoir rester humble”, affirme Anne Gatecel.
Réagir à la bouderie : permettez-lui de sortir dignement de cette bouderie en lui demandant ce qu’il se passe. Questionnez-le : “qu’est-ce qui ne va pas ? Il y a quelque chose que je n’ai pas vu et que tu cherches à me dire ?”.  Vous lui enseignez un geste positif : en parlant, on obtient davantage qu’en boudant. La psychologue conseille également d’utiliser l’humour pour dédramatiser : “Cette technique aide beaucoup. Il ne faut pas tout prendre au premier degré. Il faut également dédramatiser et accepter que vous vous trompez ». Et pourquoi ne pas proposer à votre enfant de mettre quelque chose que vous n’aimez pas dans votre assiette ? De cette manière, vous serez quitte ! “On dédramatise et on se montre humain par rapport à nos enfants. Faîtes-en un allier. Vous pouvez aussi mettre du ketchup sur le gruyère”, poursuit-elle.   
Ce qu’il faut éviter : on ne se détourne pas de lui en disant que l’on n’aime pas les enfants qui boudent. Il ne faut pas non plus le contraindre à avaler quelque chose qu’il n’aime pas. Un enfant qui avale tout ce qu’on lui donne sans discuter risque, plus tard, de ne plus savoir choisir du tout. Et de répondre “je ne sais pas, comme tu veux”, quand vous allez le mettre face à un choix.
Rien à faire : il ne veut pas faire du manège. Vous jetez des regards envieux sur les autres enfants qui tournent avec des sourires radieux… Pendant ce temps-là, le vôtre s’accroche à vous comme une moule à son rocher.
Décoder la peur de son enfant : beaucoup d’enfants ont peur du manège pendant une courte période de leur vie, en général vers 3 ans. C’est le moment où le système nerveux se met en place. D’un seul coup, ils prennent conscience de la vitesse. Le manège a soudain pour eux des allures de grand huit ! Dites-vous bien que la peur est une émotion extrêmement saine. Elle nous informe de la présence d’un danger, mobilise notre corps pour y faire face, nous apprend à nous préparer devant l’inconnu. Etre courageux, c’est connaître la peur, la vivre, la reconnaître et en tirer des enseignements. Votre petit doit apprendre à l’accepter, à la surmonter et à l’utiliser.
Réagir à la peur : ne le forcez pas. Essayez plutôt de comprendre ce qui l’effraie dans le manège. Est-ce parce que ça va trop vite ? Parce que ça tourne et qu’il a l’impression de perdre l’équilibre ? Parce que vous disparaissez de sa vue à chaque tour ? Si le fait de ne plus vous voir le panique, proposez-lui de monter sur le manège avec lui. “On ne se rend pas toujours compte que pour un enfant, certaines choses sont très effrayantes. Montrez-lui l’exemple, et faîtes éventuellement l’activité avec lui, pour lui montrer qu’il ne risque rien”, explique la psychologue. Il n’a toujours pas envie ? Vous essaierez dans quelques semaines. Tôt ou tard, la peur fera place au désir. Laissez-lui le temps. “Il faut faire les choses en douceur, l’accompagner et ne pas le laisser seul face à ses craintes”, poursuit Anne Gatecel.
Ce qu’il faut éviter : ne vous moquez surtout pas de lui, et ne le poussez pas non plus à surmonter sa peur. Au contraire. En le brusquant, vous l’obligez à refouler son angoisse dans les profondeurs de son inconscient. Un jour ou l’autre, elle ressortira. Sous forme de phobie, par exemple.
Pour Noël, il avait demandé le bateau des Pirates des Caraïbes. Et, ouf (!), vous avez réussi à le trouver. Mais à peine votre enfant a-t-il déballé son cadeau qu’il aperçoit la console de jeux de son cousin et se met à grimacer. Le bateau ne l’intéresse plus, c’est la console qu’il aurait voulue !
Décoder la jalousie de son enfant : si ce cadeau était une surprise, on aurait pu comprendre que votre enfant soit déçu. Mais là, il s’agit du jouet qu’il a désiré et attendu. L’enjeu est probablement ailleurs. Il faut chercher du côté du relationnel. Qu’est-ce que son cousin a de plus que lui ? Est-il plus grand, plus fort ? Du coup, tout ce que ce cousin touche est sublime. Alors que ce qu’il possède, lui, est nul. La jalousie est une émotion inscrite biologiquement en nous : si quelqu’un possède ce que l’on n’a pas, ce « quelque chose » devient immédiatement désirable. En grandissant, nous apprenons à gérer ce sentiment. Mais on ne peut pas en demander autant à un enfant ! Pour l’heure, votre petit a le cœur brisé.
Réagir à la jalousie : montrez-lui que vous avez compris ce qu’il ressent. Vous avez compris que cette console de jeux lui plaisait beaucoup, mais pour l’instant, ce n’est pas de son âge. “Expliquez-lui que chacun est différent, et que nous n’avons pas les mêmes besoins et les mêmes envies au même moment. Avoir des choses différentes permet aussi d’affirmer sa personnalité, et d’être en adéquation avec ce que l’on aime”, informe l’experte. En attendant, demandez au cousin s’il veut bien qu’on joue tous ensemble avec la console. Cela permettra à votre petit de se « l’approprier » un peu. Si c’est possible, faites également en sorte que le cousin s’intéresse au bateau de pirates. S’il l’investit, c’est gagné : le jouet s’en trouvera immédiatement valorisé.
Ce qu’il faut éviter : ne fustigez pas se jalousie, et ne le faîtes pas culpabiliser. Il ne doit pas avoir honte de ce qu’il ressent. Sinon, il va bloquer ses émotions. Et ce n’est pas parce qu’il les refoule qu’elles disparaîtront. Elles vont s’enraciner en lui et « faire des nœuds ».
Il vient de marquer un but en expédiant sa balle dans la corbeille à papier et court à travers le salon en manifestant bruyamment sa joie ! Le seul problème, c’est que ses cris ont réveillé sa petite sœur, qui venait juste de s’endormir dans la pièce à côté. Est-ce qu’il ne pourrait pas être un peu moins… explosif ?
Décoder la joie de son enfant : il est heureux et fier de lui : c’est bien normal qu’il fasse du bruit ! Il n’a pas encore perdu sa capacité à hurler de joie – comme nous, adultes, qui vivons dans la répression émotionnelle. La joie est une émotion précieuse. Chaque fois que votre enfant éprouve plaisir et fierté, son cerveau en garde une trace. La fois suivante, il va lancer son ballon avec davantage de confiance en lui et donc davantage de chances de succès.
Réagir à la joie de son enfant : tout dépend de ses cris. S’il hurle et saute en l’air pendant un quart d’heure, il va falloir lui apprendre à se maîtriser davantage et à se montrer plus attentif aux autres. Mais s’il manifeste sa joie si bruyamment, c’est sans doute aussi parce qu’il cherche à attirer votre attention. Peut-être se sent-il un peu délaissé depuis l’arrivée de sa petite sœur ? Incitez-le à venir vous faire un câlin et à vous parler. S’il s’agit d’un simple cri de victoire. Accompagnez sa joie. Montrez que vous avez vu son exploit et félicitez-le. Ainsi, vous l’aidez à être fier de lui.
Ce qu’il faut éviter : il ne faut pas le féliciter à outrance. Votre enfant n’est pas fou, il sait que ce n’est pas toujours exceptionnel. Si vous appuyez trop ses exploits, il peut alors penser qu’il est nul.
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