Uber, Bolt, FreeNow… Comment les plateformes VTC tentent de lutter contre les faux chauffeurs et les agressions – La Tribune.fr

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Tentatives d’enlèvement, violences sexistes et sexuelles, agressions… Depuis quelques années, les témoignages de victimes de chauffeurs VTC se multiplient sur les réseaux sociaux. En 2019, le mouvement #UberCestOver voit le jour et des centaines de femmes ont depuis mis en lumière leurs expériences traumatisantes avec des chauffeurs VTC. Le mois dernier, une jeune femme de 24 ans dénonçait ainsi une « tentative d’enlèvement » par un chauffeur Uber, vraisemblablement récidiviste.
Le 30 juin 2022, Uber publiait également son deuxième rapport de sécurité aux Etats-Unis. Au total, ce sont 3.824 agressions sexuelles qui ont été signalées sur la période 2019-2020 (dont 388 viols). En France, la situation est identique. Une étude Harris Interactive pour Uber publiée en mai 2019 rapportait que 83% des femmes en Ile-de-France ont déclaré avoir déjà été victimes d’une situation allant de la « drague lourde et insistante à l’agression physique ou sexuelle » sur leur trajet pour aller ou rentrer de soirée. Ainsi, le problème reste entier et pour certains syndicats, les solutions déployées par les plateformes VTC sont insuffisantes, surtout quand la difficulté à recruter peut les pousser à faciliter les procédures.
Partage de position en temps réel avec un proche, boutons d’urgence pour signaler les incidents graves en matière de sécurité, « Rappel en temps réel »… En situation de forte concurrence, les plateformes multiplient les outils afin de prévenir les comportements dangereux et d’améliorer la prise en charge des victimes. « Nous prenons ces signalements très au sérieux et dans certains cas, un agent du service client peut accompagner la victime dans ses démarches », indique un porte-parole de l’application FreeNow, née d’une joint-venture (ou coentreprise) entre BMW et Daimler Mobility (devenu Mercedes-Benz Mobility) en février 2019.
Ensuite, des équipes spécialisées prennent le relais. Celles-ci fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et assurent le soutien des victimes, leur accompagnement dans les démarches et le partage d’informations avec les forces de l’ordre. En cas d’incident sérieux lié à une agression physique ou sexuelle sur un(e) passager(ère), les profils de chauffeurs sont également suspendus le temps de l’investigation. Les plateformes ont indiqué que cela pouvait aller jusqu’à la fin du partenariat si tous les éléments prouvent qu’il y a effectivement eu une agression.
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Si les plateformes mettent en œuvre de nombreuses mesures afin de sécuriser les trajets des utilisateurs, de nombreux contrôles sont également effectués en amont. « Une vérification de la capacité légale du chauffeur à exercer est réalisée par la préfecture et l’Imprimerie nationale française afin de délivrer la carte professionnelle VTC », explique à La Tribune Julien Mouyeket, directeur général de la plateforme Bolt. Pour obtenir cette carte, les chauffeurs doivent obligatoirement présenter un casier judiciaire B2 vierge à la préfecture, mais certains demandent son effacement afin d’exercer.
Bien que les plateformes VTC ne peuvent décider si un chauffeur est apte ou non à exercer, elles contrôlent la validité de la carte VTC. Rym Saker, responsable communication France chez Uber, déclare à La Tribune que « chaque inscription individuelle de chauffeur est validée par deux experts qui contrôlent la validité des cartes professionnelles et l’inscription au registre VTC. Nous vérifions également la concordance des informations sur les différents documents requis pour pouvoir rouler – société, assurance, véhicule, carte grise ». Si les documents ne sont pas valables, les plateformes assurent que le chauffeur ne peut pas être inscrit.
De plus, la réglementation française impose aux plateformes d’assurer un suivi annuel de leurs chauffeurs. « Tous les ans, nous vérifions leur permis de conduire afin de s’assurer qu’ils ont toujours des points puis nous vérifions la validité de leur carte VTC », explique Julien Mouyeket. Si les documents des chauffeurs ne sont plus valables, les plateformes les déconnectent.
Malgré toutes ces mesures de sécurité, certains faux chauffeurs parviennent néanmoins à s’infiltrer dans le réseau ou récupèrent de fausses cartes VTC. Dans ce cas, toutes ces vérifications n’ont pas lieu. « Les contrôles sont très légers et les documents peuvent être falsifiés. Les plateformes de VTC savent très bien qu’il y a des ventes de cartes sur les réseaux sociaux, de locations. Mais ils veulent et ont besoin de chauffeurs à tous les coins de rue », déplorait Sayah Baaroun, secrétaire général du syndicat des chauffeurs privés VTC, dès 2019 auprès de Libération.
D’autant que la difficile rentabilité des plateformes pourrait les pousser à recruter davantage, sans pour autant être très exigeantes. Pour rappel, Uber a accusé une perte nette de 2,6 milliards de dollars d’avril à juin 2022, selon ses derniers chiffres.
Toutefois, les plateformes promettent aujourd’hui de lutter contre ce phénomène. Heetch indique que les chauffeurs sont surveillés dès qu’elle remarque une « connexion pendant une période anormalement longue », des « connexions successives faites à des endroits totalement différents » ou encore l’ « utilisation de plusieurs numéros de téléphones ». Interrogé, le directeur général de Bolt explique également que « si un passager remarque que l’identité du chauffeur n’est pas celle inscrite sur la plateforme, la compagnie entame une enquête interne ». S’il est avéré que le chauffeur a délibérément prêté son compte à une autre personne, le compte est radié. De manière générale, les plateformes collaborent avec « les Boers » (unité de contrôle des transports de personnes de la Préfecture de Police) afin de limiter les fraudes.
Pour lutter contre ces dérives, de nouvelles solutions sont mises en œuvre. Parmi elles, la reconnaissance faciale obligatoire des conducteurs. Cette méthode, déjà utilisée chez Uber depuis 2019, devrait voir le jour dans quelques semaines chez Bolt. De plus, la plateforme Heetch signalait, en 2021, qu’une fonctionnalité permettant au chauffeur ou au passager de lancer un enregistrement vocal via l’application pouvait être mise en vigueur afin d’assurer une plus grande sécurité des utilisateurs. « Ces enregistrements pourront servir de preuve en cas de litige, afin de déterminer qui est réellement en faute », précisait la compagnie de VTC.
Finalement, Ben Ali Brahim, président du Syndicat INV (Intersyndicale Nationale VTC), souhaite rendre obligatoire la « dashcam », ou « caméra embarquée », dans les véhicules. « Cela permettrait d’avoir une vidéo afin de mettre en sécurité les clients et les chauffeurs, mais également de dissuader les faux chauffeurs », assure-t-il sur sa page Facebook. Selon un porte-parole de FreeNow, « les dashcams seraient un réel argument en matière de sécurité mais pour que cela soit rendu possible, il reste de nombreux points à considérer, notamment en matière de conformité avec la réglementation autour de la protection des données personnelles ». Pour pallier cela, Ben Ali Brahim indique que ces données seraient exploitables uniquement par la police lorsqu’un chauffeur ou un client porte plainte, mais pas par les plateformes.

ZOOM : D’autres victimes derrière le volant

« Aujourd’hui, autant du côté des chauffeurs que des clients, plus rien ne va », déplorait Ben Ali Brahim sur sa page Facebook. En effet, si les signalements des passagers sont nombreux, certains chauffeurs connaissent le même traitement de la part des clients. C’est notamment le cas d’Anthony, conducteur de 27 ans, qui, le mois dernier, s’est fait agressé à bord de son véhicule. Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, un homme et une femme l’attrapent par le cou tandis qu’il conduit. Les cris et les appels à l’aide du chauffeur ont fini par faire fuir les deux agresseurs.

Cette scène, particulièrement violente, a pu être capturée grâce à la « dashcam » qu’Anthony possède dans son véhicule, filmant à la fois la route et l’intérieur du véhicule. Selon son avocat, cette caméra embarquée a permis de faire avancer l’enquête afin de retrouver les deux assaillants, déjà connus des services de police. Ainsi, la proposition du Syndicat INV permettrait, selon son président, de « mettre en sécurité les clients aussi bien que les chauffeurs ».

ZOOM : D’autres victimes derrière le volant
« Aujourd’hui, autant du côté des chauffeurs que des clients, plus rien ne va », déplorait Ben Ali Brahim sur sa page Facebook. En effet, si les signalements des passagers sont nombreux, certains chauffeurs connaissent le même traitement de la part des clients. C’est notamment le cas d’Anthony, conducteur de 27 ans, qui, le mois dernier, s’est fait agressé à bord de son véhicule. Dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux, un homme et une femme l’attrapent par le cou tandis qu’il conduit. Les cris et les appels à l’aide du chauffeur ont fini par faire fuir les deux agresseurs.
Cette scène, particulièrement violente, a pu être capturée grâce à la « dashcam » qu’Anthony possède dans son véhicule, filmant à la fois la route et l’intérieur du véhicule. Selon son avocat, cette caméra embarquée a permis de faire avancer l’enquête afin de retrouver les deux assaillants, déjà connus des services de police. Ainsi, la proposition du Syndicat INV permettrait, selon son président, de « mettre en sécurité les clients aussi bien que les chauffeurs ».

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