« Pourquoi j’ai voulu devenir galeriste à Tours » – 37 degrés



Cet article est un complément au dossier sur l’économie des galeries d’art tourangelles paru dans le N°2 du magazine papier-connecté de 37°. Vous pouvez le lire en cliquant ici, et en allant aux pages 40 et 41.
L’origine du projet : « J’ai longtemps travaillé dans la communication mais l’art a occupé très tôt une place importante de ma vie. Pendant plusieurs années je me suis mis au service de la culture de manière bénévole pour un festival de jazz de la Drôme ou un festival de flamenco que j’ai créé. Et puis j’ai développé un goût pour la peinture. J’ai commencé à me dire que je voulais travailler dans ce milieu vers 2008-2009. D’abord ça m’a paru impossible : j’avais quasiment 40 ans, aucune formation… mais il y avait cette attirance, ce désir. Je sentais que je pouvais être utile et m’épanouir, être un passeur pour les artistes pour les faire découvrir, les défendre, valoriser leur travail. »
Le développement : « En 2010 j’ai fait un bilan de compétences à Lyon. Ça a conforté mon envie d’autant que le jour où j’ai commencé ce bilan j’ai trouvé une offre d’une holding qui cherchait un directeur pour une galerie de photos animalières à Orléans. J’y ai été en novembre 2010, elle a ouvert en septembre 2011 dans un hôtel particulier du XVIIème siècle. Là il n’y avait plus de questions qui se posaient : j’étais galeriste. J’ai continué à mûrir mon projet d’entreprenariat en faisant une série de formations et j’ai cherché un lieu : Tours s’est imposée pour des raisons de taille, de culture et d’histoire avec Léonard de Vinci mais aussi Buren qui venait de réaliser les œuvres du tramway. Je suis arrivé en décembre 2013 avec l’objectif d’ouvrir dès que possible. »
L’installation : « De ma part il y a eu 15 000€ d’investissement et 30 000€ de la banque. Le quartier de la Scellerie est idéal, il est tout désigné pour une activité comme la mienne. L’avantage de ce type de commerce c’est qu’à part les antiquités d’art sacré il n’y a pas de stock, ce n’est que du prêt des artistes. Du reste, c’est un métier d’administration, de gestion… et d’œil. On défend des choses qu’on aime. Il y a un levier important de communication pour faire venir les gens. »
Au quotidien : « Je reçois 3 à 4 propositions d’artistes par jour, avec des démarches différentes, certains viennent directement à la galerie. Il y a un choix de sélection important car je ne fais que 8 à 9 expositions par an, avec beaucoup de visibilité à l’avance. J’estime que 3 000 personnes viennent chaque année, pendant un temps, confronté au réel, j’ai gardé une activité de communication que j’ai diminué progressivement. Mes clients ce sont tous types de personnes : de 35 à 65 ans, des Tourangeaux, des touristes, parfois ils font spécialement l’aller-retour depuis Paris, certains qui achètent sans avoir vu les œuvres en vrai… Certains tableaux commencent à 100€ mais quelques budgets sont beaucoup plus importants. J’en ai envoyé en Hollande, en Savoie, au Japon, aux Etats-Unis… »
L’avenir : « C’est un métier où je me sens à ma place, j’ai du plaisir. Plus tard peut-être que je vais m’agrandir, chercher à m’installer dans la première partie de la Rue de la Scellerie. Je travaille aussi sur la présentation des œuvres en ligne ou à un partenariat avec Le Petit Atelier (Rue Colbert) pour exposer une œuvre de temps à autre. »
Son expo du moment : exposition de Marion Robert dès le 5 septembre pour les 5 ans de la galerie.
Ses débuts : « J’ai une maîtrise d’histoire de l’art. Je ne pensais pas faire ce métier à la base, plutôt écrire ou enseigner, mais en fait j’ai adoré l’aspect de communication avec les artistes et avec les gens alors que j’étais plutôt introvertie et solitaire. Grâce aussi à une expérience à la radio je me suis rendu compte que ce que je voulais c’était échanger. »
L’installation : « C’était en 2004, aux tripes après une expérience Rue des Bons Enfants. Je n’avais pas vraiment de business plan, j’ai investi des locaux dans les bureaux de mon mari. Ce n’était pas facile car on était Boulevard Thiers (Boulevard Jean Royer, ndlr), il fallait y faire venir les gens. J’envoyais beaucoup de cartons par la poste ; j’allais à tous les vernissages pour me faire connaître ; j’offrais le café, le thé et les gâteaux ; je prenais le temps de discuter dans le canapé ou le fauteuil – et d’ailleurs j’ai toujours des fauteuils aujourd’hui. Il faut qu’on se sente bien pour créer un lien. Ces gens-là me suivent encore, c’est une énorme chance. Ils ont confiance dans mes choix et savent que si je les appelle pour leur proposer une œuvre qui irait bien dans leur entrée ce n’est pas pour le business. D’ailleurs, en général, je ne me trompe pas. »
Le regard : « Je voulais que les gens n’aient plus peur de franchir la porte d’une galerie. Bercée dans ce milieu, combien de fois moi-même je n’ai pas osé ouvrir certaines portes du genre je vais juste regarder et ne pas acheter alors autant que je ne rentre pas. Je voulais donc qu’on se dise qu’on a le droit de franchir la porte d’une galerie autant que celle d’une librairie ou d’un disquaire. Que cet art se démocratise et ne soit pas réservé à une élite. »
La pause : « Après avoir eu mon deuxième enfant j’ai tout fermé. Je voulais me poser pour mon bébé mais au bout de six mois il a fallu que j’y retourne. On m’a proposé un local Rue du Grand Marché, d’abord pour un mois où j’ai repris mes Petits Formats Erotiques. Et il y a eu un monde fou. Au même moment, 4 artistes ont créé leur showroom – La Boîte Noire – ils m’ont demandé si je voulais le tenir, et j’ai pris ce projet à bras le corps. »
Le travail : « C’est compliqué, il faut que les gens viennent souvent pour avoir envie d’acheter mais acquérir une œuvre d’art passe en dernier dans un foyer quand on a du mal à boucler les fins de mois. On me dit parfois que je dois être folle et épuisée. Oui, mais c’est grisant. Faut pas lâcher. Plus ça va, plus c’est un métier fragile. »
Les artistes : « Je travaille avec presque un an d’avance pour voir par exemple le thème que les artistes veulent aborder. Certains sont plus que des collaborateurs, c’est ma famille. J’ai 9 permanents, dont 3 qui ne sont pas de la région. Et puis je fouine beaucoup pour en découvrir d’autres, je reçois des messages par Facebook, mail, téléphone… Pour que j’expose, il faut que ça me procure une émotion. En général c’est hyper figuratif. »
Le souci : « On n’est pas très suivi par les collectivités locales, peu d’élus se déplacent aux vernissages. On ne demande pas forcément des sous, juste de parrainer les expos, que les collectivités en parlent pour qu’on sente que la ville est investie et soutient ces petites fourmis qui travaillent pour elle. Ici dans le Quartier des Arts on est très seuls, mais on se bat quand même ! »
Son expo du moment : Sébastien Thomazo et Eric Geffroy à partir du 6 septembre.
A l’origine : « Dans ma famille il y a des amateurs d’art et des collectionneurs. Depuis que je suis gamin je baigne dans les livres, les dessins, les sculptures, la peinture… Pendant mes études, je suis revenu à ce que je connaissais enfant donc à l’histoire de l’art. Plus tard j’ai fait des stages auprès de commissaires-priseurs, de la grande galerie Saphir (à Paris). Puis avec mon frère nous avons créé une galerie dans le IXe arrondissement, spécialisée dans le XIXe et le XXe siècle avec un intérêt pour le symbolisme. J’ai eu des ambitions pour travailler dans la fonction publique mais après réflexion j’ai vite compris que c’était sclérosé par la politique, j’avais envie d’une direction plus libertaire. J’ai également collaboré avec un espace socio-culturel à La Chapelle où j’ai travaillé avec des artistes contemporains. »
Tours : « Parti en 2004, j’y suis revenu en 2009-2010. On m’avait proposé un poste de galeriste à Sydney mais ça ne m’intéressait pas. Je suis passé devant une galerie qui allait fermer, j’ai repris le bail deux mois plus tard et j’ai créé Oz’Art Rue des Bons Enfants. J’arrivais avec un réseau pas extraordinaire mais quand même quelques contacts er des têtes d’affiche internationalement connues. A ce moment, plusieurs galeries avaient disparu on n’était plus très nombreux mais après les ouvertures ont refleuri. »
L’activité : « Le côté très populaire a tout de suite séduit. J’avais 24 ans, ça stimulait les gens. J’ai travaillé la photo, le dessin, la sculpture, la gravure, un peu de numérique… J’exposais principalement du dessin. Pour moi, le crayon est le prolongement du doigt. Le dessin est plus sensible, avec plus de souplesse. Il y a eu des moments complexes avec Oz’Art mais aussi d’autres très honnêtes. Je ne serais pas resté 8 ans si ça n’avait pas marché. Je faisais des expositions toutes les trois semaines, ou tous les mois. En un mois les gens ont le temps de se déplacer, plus longtemps ça n’avait pas lieu d’être. »
L’ambiance : « Il était à double tranchant cet espace… Un coin reculé mais un chemin de traverse avec pas mal de passage, un lieu chaleureux, intimiste, avec une com’ soutenue. Ce qui était dur, c’était de travailler seul. Au bout de plusieurs années c’est pesant. A la longue, je souffrais du manque direct de soleil et au bout de quelques années je me suis lassé du lieu. J’estimais avoir fait le tour. En partant, j’ai simplement dit ‘à bientôt’, on ne se perd pas de vue. »
La suite : « J’ai repris l’activité avec mon frère que je n’ai jamais laissée complètement de côté et je suis codirecteur artistique pour une entreprise. J’amène mon expertise artistique sur des projets de dessin ou d’expériences vidéoludiques. Je mûris en parallèle l’ouverture d’un nouvel espace d’ici un an ou deux avec l’idée de donner du corps à une exposition. Parfois les gens viennent en disant qu’ils ne connaissent pas, que ça ne leur parle pas. Si on leur donne envie de rentrer avec une référence musicale ou théâtrale ça donne des proportions différentes. On peut combiner tout ça, par exemple avec de la poésie au milieu d’un vernissage. La galerie, c’est un espace de vie. »
Photos : Claire Vinson
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