Violences sexuelles à bord des VTC : quand les utilisatrices … – Marie Claire

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Prendre les transports en commun pour espérer fuir le harcèlement de rue. Commander un taxi ou une voiture de transport avec chauffeur (VTC) via une application pour éviter le harcèlement dans les transports en commun. Et s’angoisser aussi finalement lorsqu’on est une femme, seule à bord du véhicule.
Si les franciliennes âgées 18 à 39 ans n’étaient que 7% en mai 2019 à se sentir en insécurité lorsqu’elles faisaient appel à un service de VTC – selon une étude réalisée par Harris Interactive et commandée par l’entreprise Uber -, elles étaient, cette même année, des centaines sur les réseaux sociaux à dénoncer les comportements sexistes ou harcelants des chauffeurs, et parfois mêmes des violences sexuelles, arborant un même hashtag : #UberCestOver (“Uber c’est terminé”).
Alors même que les récits glaçants de passagères françaises se partagent sur la Toile, aux États-Unis, la compagnie de VTC révèle que presque 6 000 agressions sexuelles ont été commises lors de courses dans le pays, en 2017 et 2018.
Plus récemment, en mars 2022, une internaute alors âgée de 22 ans affirme sur Twitter, clichés d’hématomes à l’appui, avoir été violée quelques semaines auparavant à bord d’un VTC, par un chauffeur. Seule avec lui dans le véhicule, la jeune utilisatrice souhaitait rentrer à son domicile. Son témoignage, aujourd’hui supprimé de la plateforme, fut partagé ou “liké” près de 30 000 fois. Une enquête judiciaire est en cours.P
Début août 2022, une Américaine a été violée par un chauffeur VTC dans le IVe arrondissement parisien, révélait Le Figaro. L’homme, rapidement interpellé, aurait contraint la passagère à lui pratiquer une fellation et une masturbation. Quelques jours plus tôt, une autre jeune femme avait été violée dans le XIIe arrondissement de la capitale.
Jeudi 13 octobre 2022, Nina, suivie sur Instagram par plusieurs milliers d’internautes, révèle sur son compte que sa belle-sœur, âgée de 24 ans, a été la veille victime d’une tentative d’enlèvement par un conducteur Uber.
Il prend un trajet qui va à l’opposé de chez elle. Elle demande ce qu’il se passe. Il répond “Aie confiance, ça va bien se passer”. Elle lui demande de s’arrêter. Il refuse.
“Après cinq minutes de trajet, le chauffeur annule la course alors qu’elle est dans la voiture. Il met une musique ‘romantique’. Et il prend un trajet qui va à l’opposé de chez elle. Elle demande ce qu’il se passe. Il répond ‘Aie confiance, ça va bien se passer’. Elle lui demande de s’arrêter. Il refuse. Elle lui demande de la laisser sortir. Il refuse”, écrit la proche de celle qui va décider d'”ouvrir la porte alors que le véhicule est en marche et saute”. “Likée” plus de 400 000 fois, la publication est massivement relayée, et commentée par presque 25 000 internautes. Ceux-là identifient quasi-unanimement les comptes Instagram de l’entreprise Uber, réclamant à celle-ci une réaction, alors que Nina assure que l'”agresseur tourne encore dans Paris”.
En commentaires, certaines femmes, dont la chanteuse Barbara Pravi, témoignent d’expériences traumatisantes similaires.
Une adolescente de 14 ans, qui utilise quotidiennement l’application pour se rendre à son collège à 45 minutes de son domicile, dénonce “certaines paroles déplacées” sur son physique de la part de chauffeurs, certains la renommant aussi “ma belle” ou “princesse”, d’après son récit. “Ce n’est peut être rien mais j’ai peur tous les jours”, confie-t-elle, minimisant ou intériorisant, déjà, la gravité de ces remarques sexistes.
Un autre message interpelle sous cette publication : celui de Margaux, qui affirme avoir eu “exactement la même histoire avec ce même chauffeur en juin dernier”. Elle le reconnaît sur ce portrait publié par Nina.
Comme de nombreux professionnels du secteur, il travaillait simultanément avec plusieurs entreprises de VTC. Auprès de BFM, une troisième femme, inscrite elle sur l’application Heetch, indique que ce même conducteur a “essayé de [l’]embrasser et de passer [s]a main sous [s]a robe”, puis à réitérer en la plaquant contre le véhicule une fois qu’elle en était sortie. Une quatrième femme raconte qu’il a “verrouillé les portes” de sa voiture lorsque son époux est sorti un court instant acheter des cigarettes, avant de redémarrer, affirmant : “Vous descendrez pas grosse pute” (sic). Alors que la passagère effrayée lui demande où il l’emmène, il aurait répondu “Où je veux”, en conduisant à toute vitesse.
Après l’alerte ultra-virale de sa belle-sœur, la vingtenaire a déposé plainte pour “violence ayant entraîné une incapacité de travail n’excédant pas 8 jours”, d’après les informations de la rédaction de BFM, qui a eu accès à la plainte.
Le parquet de Créteil a classé l’affaire sans suite au motif que l’infraction est “insuffisamment caractérisée”. Malgré quoi, l’entreprise Uber “a décidé de maintenir la suspension du chauffeur sur sa plateforme”, précise à Marie Claire Laureline Serieys, directrice générale d’Uber France. 
Ébranlées ou terrifiées par ces récentes affaires découvertes en scrollant sur leurs réseaux sociaux, plusieurs utilisatrices de ces applications nous confient avoir développé des techniques – si révélatrices de leur sentiment d’insécurité – qu’elles appliquent dès lors qu’elles se retrouvent seules en voiture avec un conducteur.
“Je passe à chaque fois de faux appels, et déclare, très fort : ‘Selon Waze, il y a écrit que j’arrive dans X minutes’. Je veux que le chauffeur pense que quelqu’un m’attend à l’arrivée”, explique Lana. Cette étudiante de 22 ans, qui vit à Paris, admet “paniquer” dès qu’elle ne voit plus le GPS sur l’écran du conducteur.
“La dernière fois, l’homme au volant téléphonait depuis un appareil jetable, et je me suis imaginée le pire”, poursuit, la voix tremblante, celle qui ne monte plus dans un VTC seule la nuit tombée. Le jour, la jeune femme envoie “systématiquement” sa localisation en temps réel à sa mère et à son fiancé, ses deux contacts d’urgence, enregistrés dans son application Uber.
Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, je fais systématiquement une capture d’écran de la plaque d’immatriculation de la voiture, que j’envoie à mon mari.
“Si jamais je prends un VTC à une heure tardive, je passe un coup de fil, ou, a minima, fait semblant de le faire, pour dire haut et fort où je suis, ce que je fais et quand je suis censée arrivée”, témoigne dans le même sens Anne-Sophie, utilisatrice quotidienne de ces plateformes. 
“Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, je fais systématiquement une capture d’écran de la plaque d’immatriculation de la voiture, que j’envoie à mon mari, à qui je partage dans la foulée ma position en temps réel”, complète cette Marseillaise de 30 ans, qui vérifie également si la plaque d’immatriculation indiquée sur l’application correspond bien à celle du véhicule qui se présente devant elle. “Sinon, hors de question de monter dans la voiture.” “Cela est déjà arrivé qu’elles diffèrent”, déplore-t-elle. Et de soupirer : “Assez triste d’en être encore à devoir multiplier ces techniques.”
Plusieurs autres jeunes femmes ont répondu à notre appel à témoignages, une poignée de minutes seulement suivant sa mise en ligne. Toutes nous partagent leurs “au cas-où”, tristement similaires.
Si Eden raconte avoir déjà envoyé à une amie des captures d’écran du chemin que prenait son chauffeur parce qu’il faisait un inquiétant détour, Levana confie ne pas monter dans une voiture seule si le pourcentage de batterie affiché son smartphone est faible. La crainte de ne pas pouvoir partager sa localisation et à son époux ou – elle aussi – simuler un appel “en disant bien distinctement : ‘Allô Papa'” est trop grande.
Cette Parisienne de 27 ans a été traumatisée par un trajet durant lequel elle avait justement la batterie de son téléphone à plat. Ce soir-là, après avoir déposé son meilleur ami à une première destination, le chauffeur lui lance : “Bon, on va éteindre le compteur et passer par l’autoroute”.
“Mon sang n’a fait qu’un tour. Je lui ai soutenu qu’on devait passer par Paris. Il m’a écouté – je ne sais pas pourquoi – et pendant tout le trajet je priais pour arriver à bon port. J’aurais dû sortir mais j’avais très peur. Il me racontait sa vie et me draguait en même temps, rembobine-t-elle douloureusement. C’était vraiment un sale moment. La peur de ma vie. Quand on est enfin arrivé, il a voulu me donner son numéro.” 
Est-ce véritablement aux passagères de développer de telles techniques de protection ? Plutôt aux plateformes d’assurer leur sécurité et de leur proposer des outils de signalement.
Laureline Serieys, à la tête d’Uber France, énumère alors plusieurs fonctionnalités “parfois méconnues” de l’application, sollicitée pour cet article car la plus célèbre de France. Plusieurs ont été mises en place après la vague #UberCestOver.
Dans l’application, un bouton sur lequel il est possible d’appuyer sans composer de numéro ou écrire permet d’être rappeler en temps réel, en trois minutes environ, par un membre d’une équipe dédiée, en service en continu, et préalablement formée par le Collectif féministe contre le viol (CFCV) et HandsAway, spécialiste dans l’accompagnement des entreprises dans la prévention des violences sexistes et sexuelles. 
Cette association a aussi soutenu l’entreprise dans la réalisation d’une vidéo de sensibilisation à ces problématiques. Depuis un an, son visionnage est obligatoire par les conducteurs, sans quoi, ils ne peuvent activer leur compte, précise l’interrogée. Ceux-là sont également contraints de se prendre en selfie dans les minutes où l’entreprise le leur réclame, à un horaire et une fréquence qu’ils ignorent chaque fois. “Ainsi, nous vérifions que l’homme en train de conduire est bien celui qui s’est présenté au centre d’accueil des chauffeurs pour nous soumettre son inscription sur la plateforme. Si ce n’est pas le cas, le compte est désactivé”, assure Laureline Serieys. 
Cette dernière cite également la notification “arrêt prolongé” : “un message proactif pour s’assurer que tout va bien, envoyé au passager sur l’application si le véhicule est arrêté pendant 5 minutes”. Et rappelle la signification de l’icône en forme de bouclier sur l’écran, qui redirige vers le 112, numéro d’urgence européen.
Laureline Serieys soutient que lorsqu’une personne signale via l’application une agression physique ou sexuelle, “le compte du chauffeur qui aurait commis les faits est immédiatement suspendu à titre préventif”, avant l’ouverture d’une enquête interne, où son historique, son relevé GPS et son témoignage sont récoltés.
“Nous invitons les victimes à porter plainte, car une fois la plainte déposée, notre équipe est habilitée à fournir dans le cadre de l’enquête policière toutes les informations nécessaires liées à la course”, ajoute l’interviewée. À sa connaissance, Uber n’est l’objet d’aucune action en justice dans le cadre d’une affaire d’agression sexuelle. Aux États-Unis, Uber est poursuivi en justice depuis le 13 juillet 2022 par plus de 500 femmes qui affirment avoir été agressées, enlevées, violées ou harcelées par des chauffeurs, et dénonce la réponse “lente et inadéquate” de la société, selon leurs avocats. 
Plus de deux ans après la signature d’une charte d’engagement entre le gouvernement et les acteurs du secteur (FreeNow, Heetch, Uber, Marcel, Snapcar, Lecab) pour la protection des femmes, la représentante d’Uber France formule deux propositions. La création d’un registre au niveau national, afin qu’un “chauffeur désactivé pour de telles raisons sur une plateforme le soit également sur les autres”, d’abord, et celle d’un module dans l’examen des chauffeurs VTC “dédié à la sensibilisation sur les violences sexistes et sexuelles”. 
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