VTC : 500 chauffeurs franciliens créent une coopérative pour s'affranchir des plateformes – La Tribune.fr

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Excédés de dépendre de plateformes qui les précarisent, en les maintenant dans une situation de “fausse indépendance”, plusieurs conducteurs de VTC tentent de développer des modèles alternatifs. Le modèle de la coopérative, notamment, séduit de nombreux chauffeurs, qui y voient avant tout une manière de redonner du sens à leur travail et de “s’affranchir” des géants du secteur. En outre, la coopérative est perçue par ceux-ci comme un levier d’amélioration potentielle de leur rémunération et de leurs conditions de travail.
Précisément, dès début 2022, ce sont pas moins de 500 chauffeurs franciliens qui vont devenir “leurs propres patrons” en s’unissant dans une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), créée à l’initiative de l’intersyndicale nationale VTC (INV), et soutenue par le conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
« Une coopérative certifiée, avec des tarifs abordables, travaillant avec des collectivités locales », se félicite le secrétaire général de l’intersyndicale nationale VTC Brahim Ben Ali.
Depuis des mois, ce dernier œuvre à fédérer ces chauffeurs, qui apporteront une contribution financière de 300 à 500 euros pour le lancement de la coopérative. 1.236 chauffeurs sont en liste d’attente pour rejoindre cette coopérative, avec l’espoir d’un modèle plus protecteur et démocratique: une voix pour chaque associé et une gestion administrative mutualisée.
Alors que les plateformes actuelles sont régulièrement pointées du doigt pour leur traitement des travailleurs et leur maintien de ces derniers dans un statut d’indépendant qui ne correspond bien souvent pas à la réalité de leur activité, l’avènement d’un modèle de coopératives pourrait bien changer la donne.
Pour l’heure en effet, les tentatives des syndicats et de la mission d’information sur l’ubérisation, qui s’est emparée du sujet au Sénat du 22 juin au 29 septembre dernier, n’ont pas permis de faire basculer les travailleurs des plateformes du statut d’indépendants à celui de salarié, comme en Espagne via la loi Riders.
Les plateformes sont de fait accusées d’abuser du statut d’indépendant, afin d’éviter de payer des cotisations sociales et de devoir accorder des congés payés, et d’externaliser certains coûts et risques, en n’assurant par exemple aucune assurance en cas d’accident du travail.
« Un livreur qui ferait une chute à vélo pendant son temps de travail ne bénéficie à ce jour d’aucune protection sociale », avait ainsi fait valoir Jean-Marc Cicuto, de la CFTC, lors de la mission d’information sur l’ubérisation.
De son côté, son homologue de FO Eric Peres avait quant à lui affirmé: « il faut faire en sorte que la plateforme soit considérée comme un employeur ».
Lire aussi 8 mnUbérisation: les travailleurs indépendants des plateformes vont-ils devenir salariés ?
Et selon plusieurs travailleurs des plateformes, leurs conditions de travail se sont précarisées au cours des dernières années. Ali Lemmouchi, chauffeur depuis 2016 à Paris et membre du bureau de la section VTC de la CDFT, fait ainsi état d’une “paupérisation” et d’une dégradation de ses conditions au fil des années, dans un secteur qui emploie entre 30.000 et 40.000 personnes.
« Les plateformes ont créé un déséquilibre en recrutant de plus en plus de chauffeurs, en baissant leurs prix, et en augmentant les commissions à 25%. Résultat: on fait plus d’heures pour un chiffre d’affaires équivalent, en proposant une offre low cost », déplore le syndicaliste CFDT.
En outre, force est de constater que la crise sanitaire est passée par là, et a eu des conséquences catastrophiques sur la rémunération des conducteurs de VTC, privés de la clientèle des touristes et cadres en voyage d’affaires.
Fragilisés, des dizaines d’auto-entrepreneurs ont d’ailleurs enjoint aux tribunaux européens de se prononcer sur leur statut, le considérant comme du salariat déguisé. Afin d’harmoniser les législations, la Commission européenne a lancé début 2021 une consultation avec les partenaires sociaux. Elle doit présenter jeudi 9 décembre une directive sur ce sujet politique à haut risque.
Lire aussi 7 mnDroits sociaux des chauffeurs VTC et livreurs : le Sénat vote un texte édulcoré, l’opposition s’insurge
Le principe de la coopérative, née avec le mouvement ouvrier au XIXe, séduit les chauffeurs après avoir fait son chemin chez les coursiers à vélo. « On veut recréer une relation avec le client, tout en assumant nos responsabilités sociales et en payant nos impôts en France », défend Brahim Ben Ali. Début 2022, 500 chauffeurs s’associeront ainsi dans une société coopérative (SCIC) en Île-de-France, une première à grande échelle dans un secteur qui n’a pas encore connu de réussite durable.
Jusqu’à présent, aucun projet n’a abouti de manière pérenne dans le domaine du VTC. Chez les coursiers à vélo, en revanche, des dizaines de coopératives ont fleuri ces derniers mois, portées par l’essor de la livraison à domicile lors des confinements, permettant une éclosion de livreurs plus flexibles et insérés dans le tissu local.
Mais pour l’avocat Jérôme Giusti, le modèle de coopératives pour les VTC devra encore faire ses preuves.
Selon lui, il ne s’agit « ni de la même économie, ni du même marché que celui des coursiers, dans lequel les coopératives bénéficient d’une plus grande souplesse ».
Trente-cinq d’entre elles appartiennent à la fédération Coopcycle, qui accompagne les livreurs tentés par un modèle plus protecteur et à taille plus humaine. Débutant sous forme d’association, elles doivent s’engager à passer en société coopérative (Scop) et à salarier les livreurs au bout de deux ans, précise le coordinateur de Coopcyle, Adrien Claude.
C’est le cas de Kooglof!, créée il y a un an à Strasbourg par une poignée de livreurs auto-entrepreneurs, un projet alternatif qui se finance grâce aux commissions et aux frais de livraison. « On ne s’attendait pas à un tel engouement, ni que Kooglof! soit rentable dès le premier jour », s’étonne son cofondateur Valentin Campana, qui avait travaillé comme coursier pour des plateformes comme JustEat ou UberEats.
Et d’ajouter: « votre patron, ce n’est pas votre téléphone ou un algorithme qui vous dit quoi faire. Il y a une vraie personne aux manettes, qui va faire l’intermédiaire entre les coursiers, les restaurants, ce qui recrée du lien social », se réjouit Valentin Campana.
Exit donc les algorithmes opaques et les services clients délocalisés: les coopératives misent sur la promotion locale, avec leurs propres plateformes et des échanges directs avec les commerçants.
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Reste désormais à voir si la coopérative qui sera créée début 2022 pour les chauffeurs VTC rencontrera un succès similaire. « Si elle fait ses preuves, ce sera un cheval de Troie contre l’ubérisation », assure en tous cas le secrétaire général de l’intersyndicale VTC à son initiative Brahim Ben Ali.
Si beaucoup de chauffeurs se montrent enthousiastes à cette idée, Fabian Tosolini, chargé de mission pour l’Union Indépendants, se montre plus réservé: « C’est difficile de faire de la communication face à des géants comme Uber ou Heetch ». Se pose aussi la question de trouver des clients sans l’aide des puissants algorithmes des plateformes.
Selon l’intersyndicale nationale VTC, la coopérative a tout intérêt à se positionner sur les 2,6 millions de trajets hebdomadaires réalisés en Île-de-France, selon l’INV. Mais pour ne pas affronter uniquement Uber sur son terrain, elle proposera également des réservations de courses pour des entreprises ou collectivités.
« C’est une manière pour elles de s’associer à l’organisation des transports sur leur territoire, avec des offres solidaires à destination des personnes âgées par exemple », détaille Jérôme Giusti, qui a travaillé près d’un an sur ce projet.
Enfin, un autre enjeu pour la coopérative tiendra à réussir à changer l’état d’esprit des utilisateurs. « Comme les prix sont généralement plus élevés, il faut arriver à faire changer l’état d’esprit de l’utilisateur », explique Fabian Tosolini. Un constat partagé par Ali Lemmouchi, chauffeur depuis 2016 à Paris et membre du bureau de la section VTC de la CDFT, qui avait envisagé un projet similaire sans toutefois parvenir à trouver le “bon équilibre”, redoutant que la gouvernance entre chauffeurs ne sème la “zizanie”.
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