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Il suffirait d’inspirer et de souffler par la bouche rapidement et fort pour lâcher totalement prise. C’est le principe du breathwork, une discipline plébiscitée aux États-Unis qui mélange méditation, respiration, et introspection, désormais accessible en France. On a testé.
« Ce n’est pas de la relaxation, mais un défi physique, mental et émotionnel », prévient d’emblée Susan Oubari, professeure du jour au Centre Élément (1) dans le quartier du Marais à Paris. Depuis bientôt un an, cette ancienne directrice artistique américaine, reconvertie dans le coaching spirituel, s’est lancée le défi de populariser le breathwork en France. Venue des États-Unis, cette discipline consiste à méditer activement en hyperventilant par la bouche pendant une trentaine de minutes. La promesse ? « Libérer son énergie négative et évacuer les toxines ». Vérification sur place et éclairage.
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Respirer avec « conscience » n’est pas chose aisée, encore moins avec notre train de vie effréné. « Si vous êtes excité, effrayé ou souffrant, la respiration s’accélère, indépendamment des besoins respiratoires, explique au téléphone Thomas Similowski, chef de service de pneumologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Pour revenir à la normale, une forte concentration est nécessaire. »
Susan Oubari en fait l’expérience au travers de sa carrière dans la mode. Assis en quinconces sur des coussins et des tapis de yoga, nous écoutons religieusement le témoignage de cette cinquantenaire athlétique et souriante ; la première étape du cours. « Je ne prenais jamais de temps pour moi ou les autres, même pour manger il fallait que cela soit rapide », se souvient-elle.
Il aura fallu un burn outen 2005 pour que cette workaholic décide de reprendre en main sa vie. Après s’être formé au Reiki, un soin énergétique japonais par imposition des mains, elle découvre le breathwork à Los Angeles. Aussi connue sous le nom de rebirth, respiration holotropique ou encore transformational breath, cette discipline et ses grands principes ont été définis par le psychiatre Stanislav Grof dans les années 1970 en Californie. À l’époque, le leitmotiv du médecin est de reproduire naturellement les effets psychédéliques des drogues pour explorer l’inconscient. Ses travaux s’inspirent du pranayama, une méthode ancestrale de respiration indienne destinée à contrôler son souffle pour apaiser le corps et l’esprit.
Après la théorie, place à la mise en pratique. « Un moment intense et déconseillé aux femmes enceintes et aux personnes ayant des troubles cardiaques, dorsaux et digestifs », avertit Susan Oubari. Une main sur le ventre et l’autre sur la poitrine, la professeure décompose le mouvement respiratoire que nous allons effectuer pendant 30 minutes. On inspire d’abord par la bouche, énergiquement et en deux temps en gonflant le ventre puis la poitrine, avant d’expirer d’une traite, toujours par la bouche. « Et ainsi de suite, comme si on voulait gonfler un ballon de baudruche », souligne-t-elle. Au départ, l’action est difficile et assez ridicule à réaliser, mais face à cette assemblée époumonée, on se rassure et on prend ensuite facilement le pli.
Une fois que les pratiquants sont allongés sur le tapis, tous recouverts d’un plaid et d’un masque sur les yeux, la professeure lance le chronomètre sur fond musical. Les quatre saisons de Vivaldi pour commencer. Au rythme des violons, les respirations s’accélèrent en cœur dans la salle. La bouche s’assèche rapidement et des picotements se font ressentir au bout des doigts. C’est à la fois curieux et désagréable. « L’hyperventilation modifie l’afflux du sang et fait baisser le dioxyde de carbone, observe le pneumologue Thomas Similoswki. Cela ne laisse pas de dommages à long terme mais cela peut entraîner des vertiges et donc une perte d’équilibre. »
On s’accroche à sa couverture. « Notre cerveau est fait pour nous protéger, il va tenter de vous arrêter pendant les dix premières minutes », poursuit Susan Oubari. Une hypervigilance qui se met en place dès que l’on respire différemment, selon le pneumologue. En posant ses mains sur nos épaules, nos jambes ou nos bras, la professeure nous aide à passer ce cap. « Ce n’est pas comme une drogue, rassure-t-elle, si jamais vous paniquez, il suffit de revenir à une respiration nasale. »
Abba, Les Eagles ou encore Florence and the Machines… La playlist s’enchaîne et de nouvelles sensations se font ressentir. Sans prévenir, une chaleur réconfortante envahit la poitrine et des larmes viennent couler sur les joues. Sur la gauche, un voisin a l’impression de vibrer, sur la droite, une élève pousse un râle libérateur. « Nourrissez-vous de cette énergie, imaginez une vie sans peur et soyez vous-même », intime d’une voix forte Susan Oubari.
Après la secousse, vient l’apaisement. Le chronomètre s’arrête et nous terminons par quinze minutes de relaxation en respirant par le nez. Les corps s’affaissent, puis se réveillent petit à petit. On en ressort vidé et complétement détendu, avec cette impression de planer. Un ressenti comparable aux montagnes russes pour le Dr Thomas Similowski. « Ce stress intense stimule indirectement le nerf vague, qui part de la base du cerveau et innerve la plupart des organes, note le pneumologue. Ce dernier va faire redescendre la poussée d’adrénaline et entraîne à posteriori une relâche globale ». En revanche, le spécialiste déconseille cette expérience qu’il juge « plutôt violente » aux personnes sujettes aux crises d’angoisse et de panique.
« Le breathwork est avant tout un outil de guérison émotionnelle« , assure Susan Oubari. Présent dans la salle, le Dr Adrien Martel, chercheur en neurosciences à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière à Paris, et adepte de la pratique depuis plus d’un an, le confirme. « L’année précédente a été difficile pour moi, même avec l’aide de la méditation que je pratique depuis des années. Étant toujours en quête de nouvelles méthodes pour améliorer la cognition, j’en suis revenu automatiquement à la respiration. Elle a la particularité d’être le seul véritable point d’accès vers les couches plus profondes de notre cerveau qui dirigent nos émotions et notre physiologie. » Passionné par le sujet, il multiplie les expériences de breathwork. Dans une pyramide à Bali en passant par un dôme du festival Burning Man dans le désert du Nevada, et aujourd’hui au Centre Élément à Paris. Depuis, il veut créer une plateforme digitale réunissant différents « breathworkers« . « On reproduit les sanglots profonds d’un enfant, qui respire fort en successions rapides et puis se calme, sourit-il. Une fois libérées, ces émotions m’ont permis de me recentrer et trouver de nouveau confiance en la vie. »
(1) Breathe in Paris – Susan Oubari, cours en anglais et en français à partir de 20 €. À retrouver à L’Usine Saint-Lazare (Paris VIII), à l’Église américaine de Paris (Paris VII) et au Centre Élément (Paris IV).
Plus d’informations sur susanoubari.com. Tél. : 07 87 33 97 47.
Erwin Wolff
le
Si chacun méditait quelques minutes par jour le monde irait bien mieux.
Pas choux
le
Rien , mais absolument rien de nouveau….
C’est du rebirth , tout simplement.
Probablement que ça aura un peu plus de succes car on est vraiment un peu plus à côté de la plaque que dans les années 70.
brunette des oursons
le
Ce genre de technique « thérapeutique » est généralement mise en valeur par certains thérapeutes autoproclamés qui vont vendre l’explosion émotionnelle provoquee comme une catharsis bienfaitrice censée résoudre tous les problèmes.
Chacun est libre d’y croire ou non.
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Larmes, cris et tremblements… « Breathwork », la respiration méditative qui libère les émotions
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Madame Figaro
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