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MONT-DE-MARSAN: Le président Emmanuel Macron a promis vendredi aux armées un budget de 400 milliards d’euros sur sept ans dans le cadre de la future loi de programmation militaire (LPM), soit un tiers de plus que la précédente LPM, sur fond de retour de la guerre en Europe depuis l’invasion russe de l’Ukraine il y a près d’un an.
« La loi de programmation militaire traduit les efforts du pays en faveur de ses armées » et « ces efforts seront à proportion des dangers, c’est-à-dire considérables », a annoncé le chef de l’État lors de ses vœux aux armées, sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes), en assurant que les armées disposeraient au total de 413 milliards d’euros entre 2024 et 2030, en tenant compte de recettes extrabudgétaires.
« Nous devons avoir une guerre d’avance » pour « être prêts à des guerres plus brutales, plus nombreuses et plus ambiguës à la fois », a commenté le président devant un parterre de hauts gradés.
Cette loi très attendue, alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière des faiblesses dans le dispositif militaire français, va ainsi poursuivre l’effort financier massif dans l’outil de défense après une LPM 2019-2025 de 295 milliards d’euros, qui avait mis fin à des années de coupes budgétaires dans les armées.
La LPM, dont la nouvelle enveloppe budgétaire sera toutefois tempérée par l’inflation et l’explosion des coûts de l’énergie, devrait être soumise au vote du Parlement d’ici l’été.
« Après avoir réparé les armées, nous allons les transformer », a fait valoir le chef de l’État, alors que la France entend rester une puissance respectée et un partenaire crédible, comme le souligne la dernière revue nationale stratégique.
Budget renseignement en forte hausse
Les efforts de modernisation de la dissuasion nucléaire française, auxquels 5,6 milliards d’euros de crédits de paiement sont consacrés en 2023, seront poursuivis.
Les capacités cyber seront « très sensiblement renforcées » pour disposer d’une capacité « de premier rang ».
Le budget alloué au renseignement militaire augmentera de près de 60% sur la période 2024-2030, a annoncé Emmanuel Macron. Le budget de la Direction du renseignement militaire (DRM) et de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) seront notamment doublés.
L’Outre-mer fera lui l’objet d’investissements supplémentaires en terme d’équipements et d’effectifs, car la marche du monde met nombre de ces territoires, particulièrement dans le Pacifique et l’océan Indien, « aux premières loges des possibles confrontations de demain », a souligné M. Macron.
La France doit « disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s’en prendre à nos intérêts », notamment dans l’Asie-Pacifique, où les visées expansionnistes de la Chine inquiètent, fait valoir l’Élysée.
La future LPM cherchera également à s’adapter aux risques de conflit inter-étatique majeur (« haute intensité »), dans un contexte géostratégique de plus en plus tendu.
Drones et défense aérienne
La France doit aussi être capable, « si les circonstances l’imposaient », de « construire et de commander une coalition de premier rang » avec ses partenaires, a relevé le chef de l’État, en soulignant qu’elle était le seul pays à pouvoir le faire en Europe continentale. Cela implique de pouvoir déployer une capacité interarmées de 20 000 hommes.
Il s’agira en outre de combler les lacunes dans le domaine des drones et des munitions rôdeuses, ou encore investir dans le quantique et l’intelligence artificielle. La France compte également renforcer de 50% ses capacités de défense aérienne, a indiqué M. Macron.
Conformément à sa volonté de développer une « économie de guerre », il a aussi demandé aux industriels de « raccourcir drastiquement les cycles de production », « ne pas céder à la sur-sophistication » et « adapter plus vite nos équipements ». Les coûts et la maintenance doivent être réduits par « un effort combiné État-industrie », a-t-il insisté.
Soucieux de renforcer la « force morale » de la nation, le chef de l’État a enfin pour objectif de doubler le nombre de réservistes, au nombre de 40 000 actuellement.
Dans une interview au Monde, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu s’est félicité d’un « doublement du budget annuel des armées » entre 2017 et 2030. Il faut « remonter aux gaullistes dans les années 1960 », « lorsqu’ils se sont lancés seuls dans la course à l’atome » pour trouver un effort comparable, a-t-il assuré.
De son côté, Cédric Perrin, vice-président LR de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, a jugé ce montant « insuffisant ». « A moins de 430 milliards, on ne conservera pas un modèle d’armée complet », a-t-il affirmé sur Twitter.
https://arab.news/c367r
LYON: La société Uber a été condamnée vendredi par le conseil de prud’hommes de Lyon à verser quelque 17 millions d’euros à 139 chauffeurs de VTC, une « décision assez historique », selon leur avocat, Me Stéphane Teyssier.
Contactée par l’AFP, la firme américaine a d’ores et déjà annoncé sa volonté de faire appel.
Les chauffeurs lyonnais avaient saisi en 2020 les prud’hommes pour faire requalifier la relation qui les liait à Uber en contrat de travail. L’audience s’était tenue en juin 2022 et le conseil avait mis sa décision en délibéré.
« On a eu une décision assez historique aujourd’hui. Uber a été condamnée à requalifier les contrats de 139 chauffeurs pour un montant de 17 à 20 millions d’euros », a déclaré Me Teyssier, confirmant une information du quotidien régional Le Progrès.
« Une condamnation d’une telle ampleur, c’est inédit en France », a-t-il souligné.
Le groupe devra verser des dommages et intérêts ou des indemnisations pour divers manquements au Code du travail tels que licenciement sans cause réelle et sérieuse, travail dissimulé, exécution fautive du contrat de travail, sanction disciplinaire injustifiée ou non-respect de la législation relative aux durées maximales du travail et au temps de repos obligatoire.
Les prud’hommes se sont prononcés « sur la base d’une jurisprudence bien établie de la Cour de cassation de janvier 2020. La Cour de cassation a estimé que les chauffeurs Uber devaient être considérés comme des salariés (…) C’est l’application logique d’une telle jurisprudence », a estimé Me Teyssier.
La société américaine conteste. « Cette décision vient à rebours de la position largement partagée par les conseils de prud’hommes et les cours d’appel qui confirment l’indépendance des chauffeurs VTC utilisant l’application, jugeant notamment qu’il n’existe aucune obligation de travail, ni d’exclusivité vis-à-vis d’Uber ou encore que les chauffeurs demeurent totalement libres dans l’organisation de leur activité », a commenté un porte-parole contacté par l’AFP, sans donner le montant qu’Uber devra payer.
«Fictif»
« Ce délibéré reconnaît d’une certaine manière l’abus de position dominante d’Uber, qui agit comme un cartel depuis tant d’années », a réagi l’association des chauffeurs indépendants lyonnais (Acil) dans un communiqué, en se félicitant d’une « victoire historique ».
Pour Fabien Tosolini, délégué national du syndicat Union-Indépendants, « cette décision importante permet un rééquilibrage du rapport de forces dans un contexte de négociations, initiées en septembre dernier, entre les plateformes et les organisations syndicales ».
La Cour de cassation avait reconnu en mars 2020 l’existence d’un lien de subordination entre Uber et un de ses chauffeurs, jugeant que le statut d’indépendant était « fictif » et qu’il devait être considéré comme salarié.
Plus tard, en septembre 2021, la cour d’appel de Paris avait considéré que la relation de travail entre un chauffeur et Uber pouvait « s’analyser comme un contrat de travail » et non comme une relation commerciale.
Mais, selon Uber, qui qualifie la décision lyonnaise d' »isolée », les demandes de requalification en salariat de chauffeurs n’ont pas abouti dans plus de 65% des cas (298 chauffeurs non requalifiés sur 460 demandes) depuis l’arrêt de la Cour de cassation en mars 2020.
« Uber fait l’étonnée de cette décision mais c’est la suite logique de toutes les décisions qui ont eu lieu en Europe, qui ont lieu en France », a rétorqué Me Teyssier.
Uber a précisé que « les comptes des chauffeurs (seraient) désactivés à réception du jugement tel qu’ordonné par le conseil ».
Le statut de travailleur indépendant, sur lequel des plateformes comme Uber ou Deliveroo fondent leur modèle, est remis en cause dans un nombre croissant de pays.
« Nous sommes déterminés à faire avancer la question des droits des travailleurs des plateformes et convaincus que la bonne voie est celle du dialogue social avec les représentants des chauffeurs pour bâtir un modèle qui préserve la flexibilité et l’indépendance qu’ils plébiscitent, tout en garantissant des améliorations concrètes dans leurs conditions d’activité », a souligné le porte-parole d’Uber, qui compte quelque 30 000 chauffeurs utilisant sa plateforme en France.
https://arab.news/mr6f6
PARIS: Le Parti socialiste français fait face à une nouvelle crise ouverte au lendemain de l’élection pour le poste de premier secrétaire marquée par un score très serré et contesté après des semaines de campagne interne tendue et une divergence sur la stratégie.
Après une journée de tensions, les camps des deux candidats se sont finalement mis d’accord pour se retrouver samedi à 13H00 (12H00 GMT) au sein de la commission de récolement afin d’examiner l’ensemble des résultats et tenter de se mettre d’accord sur un scrutin que les deux candidats, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, affirment avoir remporté.
Le sortant, Olivier Faure, a été proclamé vainqueur vendredi avec 50,83% des scrutins (12.076 voix), soit 393 suffrages de plus que son rival Nicolas Mayer-Rossignol (49,17%, 11.683 voix), selon un communiqué du service de presse du PS.
Mais cette annonce a été immédiatement contestée par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen (nord-ouest).
« Quand nous regardons l’ensemble des chiffres et contentieux, nous sommes en tête et nous le sommes de façon claire », a-t-il réagi par visioconférence.
Selon M. Mayer-Rossignol, un millier de voix environ sont sujettes à caution.
« Nous irons jusqu’au bout de l’épuisement de toutes les voies de droit pour faire valoir » cette victoire, a-t-il prévenu, demandant d’abord la tenue d’une commission de récolement, et menaçant, faute de l’obtenir, d’aller devant la justice.
Surveillants de scrutin non autorisés à entrer dans des bureaux de vote, urne dans une boîte à chaussure non scellée, bourrage d’urnes, agression physique, urne confisquée, argent liquide pour paiement des cotisations… les deux camps ont demandé l’annulation du scrutin dans plusieurs sections, en s’accusant d’irrégularités massives.
Pierre Jouvet, mandataire d’Olivier Faure, a même dénoncé « des méthodes qu’on a trop vues outre-Atlantique », dans une allusion à la défaite jamais reconnue de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2020.
« Le PS apparaît coupé en deux, pas sur les idées mais sur la stratégie. Nous avons tous une responsabilité pour trouver une voie d’union », a résumé dans un tweet Valérie Rabault, députée PS et soutien de Nicolas Mayer-Rossignol.
Un peu plus tôt, la direction du PS a tenu une conférence de presse dite « de transparence », faisant énumérer aux responsables des élections du parti les résultats remontés par les fédérations, y compris les multiples incidents ayant émaillé le scrutin.
Le vainqueur doit être officiellement intronisé lors d’un congrès dans une semaine à Marseille (sud).
Ce nouvel épisode survient neuf mois après le désastre de la candidature d’Anne Hidalgo à la présidentielle (1,7%).
Un proche d’Olivier Faure juge la situation « lamentable »: « Qui a envie de venir au PS en voyant ça ? ».
Le parti, qui a souvent été aux affaires et dont sont issus deux présidents depuis l’instauration de la Ve République en 1958, ne compte plus que 40.000 adhérents.
Il avait réussi en juin à sauver sa trentaine de sièges de députés au prix d’une adhésion à la coalition Nupes dirigée par les Insoumis (LFI) du tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, un critique acerbe du parti socialiste.
Le résultat final aura des conséquences sur cet accord Nupes, défendu par Olivier Faure, seul moyen selon lui de faire barrage à la droite et à l’extrême droite en 2027.
Mais Nicolas Mayer-Rossignol ne cache pas ses réticences vis-à-vis de LFI. Il a le soutien de la troisième candidate, Hélène Geoffroy, clairement hostile à la Nupes.
https://arab.news/5xuac
PARIS: Des premières plaintes à l’annulation de la mise en examen de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, voici les grandes étapes de l’enquête sur la gestion gouvernementale de la Covid.
Premières plaintes
Le 25 mars 2020, soit huit jours après le début du premier confinement, cinq premières plaintes contre des membres du gouvernement visant leur gestion de la pandémie de Covid-19 sont enregistrées par la Cour de justice de la République (CJR).
Elles émanent de particuliers, de médecins ou d’associations et visent le Premier ministre Édouard Philippe, l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn (qui a quitté ses fonctions le 16 février pour se présenter aux municipales à Paris) ou son successeur Olivier Véran.
Les plaignants les accusent, selon les cas, de mise en danger de la vie d’autrui, d’homicide involontaire, de non-assistance à personne en danger ou de s’être abstenus de prendre à temps des mesures pour endiguer l’épidémie.
Ouverture d’une enquête
Le 7 juillet, la CJR ouvre une information judiciaire pour « abstention de combattre un sinistre », neuf des 90 plaintes reçues par la CJR ayant été jugées recevables.
Stocks de masques insuffisants, problème d’approvisionnement, risque épidémique sous-estimé: les trois magistrats de la commission d’instruction de la CJR s’intéressent à l’anticipation et la gestion au quotidien de l’épidémie.
D’autres plaintes jugées recevables seront ensuite jointes au dossier.
Perquisitions
Début septembre, la Cour commence ses auditions. Le 15 octobre, les domiciles et bureaux de MM. Véran et Philippe, de Mme Buzyn et de l’ancienne porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, sont perquisitionnés.
D’autres perquisitions ont lieu chez le directeur général de la Santé Jérôme Salomon et la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne.
Les plaintes se multiplient
En novembre, la CJR juge irrecevable une plainte contre Jean Castex, qui a succédé à Edouard Philippe à Matignon le 3 juillet. La plainte avait été déposée par une association de victimes estimant que le gouvernement continuait de « naviguer à vue ».
En janvier 2021, l’association Anticor porte plainte contre Olivier Véran pour « favoritisme » dans la gestion de l’application « Stop Covid » devenue TousAntiCovid.
Le 30 mars, un collectif d’enseignants porte plainte contre le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer, accusé de « ne pas protéger les personnels en contact avec les enfants » qui « répandent le virus » de la Covid-19.
Mise en examen annulée
Le 10 septembre 2021, Agnès Buzyn est mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Elle est par ailleurs placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour « abstention volontaire de combattre un sinistre ».
Le 18 octobre 2022, Edouard Philippe est entendu par la CJR et placé sous le statut de témoin assisté pour mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre.
Le 20 janvier 2023, la Cour de cassation annule la mise en examen d’Agnès Buzyn car « aucun des textes auxquels s’est référé la commission d’instruction » de la CJR « ne prévoit d’obligation particulière de prudence ou de sécurité ».
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