Procès de l'attentat de Nice : « Je suis accusé à tort », tente de se défendre Mohamed Ghraieb – 20 Minutes

Justice Au procès de l’attentat de Nice, Mohamed Ghraieb jure être « accusé à tort »
COMPTE RENDU S’il a reconnu être monté à bord du camion trois jours avant les faits, Mohamed Ghraieb, 46 ans, a répété vendredi à la cour qu’il n’avait jamais eu connaissance du projet d’attentat
A la cour d’assises spécialement composée de Paris,
« Je ne comprends pas, je me retrouve dans une affaire de terrorisme, accusé de choses grave. » A la barre de la cour d’assises spécialement composée, Mohamed Ghraieb, 46 ans, clame maladroitement son innocence. Cheveux gris bien peignés, chemise bleue, pull noir, jean, le Franco-Tunisien jure qu’il n’a « rien à voir » avec l’attentat dans lequel 86 personnes ont été tuées, et des centaines blessées, le 14 juillet 2016, à Nice. Ce proche du terroriste, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, assure ce vendredi n’avoir « rien vu venir », contrairement à ce que soupçonne la justice. « Je ne savais pas ce qu’il avait dans la tête », insiste-t-il. Si Mohamed Ghraieb comparaît, comme deux autres hommes, pour association de malfaiteurs terroriste, c’est, selon lui, la faute à une succession de « coïncidences » troublantes, « des choses de la vie quotidienne qui ont été retournées contre moi ».
« Je suis accusé à tort par rapport à la mal interprétation des choses, c’est trop pour moi », répète-t-il à plusieurs reprises. Mohamed Ghraieb reste pourtant toujours aussi évasif, voire fuyant, lorsqu’il est interrogé par le président de la cour, Laurent Raviot. « A chaque fois qu’on vous pose une question, vous répondez que vous ne vous rappelez pas ou que ce n’est pas important », s’emporte le magistrat. A l’époque des faits, l’accusé était veilleur de nuit dans un hôtel, situé dans le centre-ville de Nice. Cet homme marié mène alors une « vie tranquille » et s’apprête à lancer une activité de chauffeur VTC. Il compte parmi ses « connaissances » Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, rencontré au début des années 2000 dans une salle de sport en Tunisie, d’où sont originaires les deux hommes.
« Je ne l’ai jamais considéré comme un ami intime, c’était plus par rapport aux échanges de service et le sport, on parlait beaucoup de sport », soutient-il. « Dans ce dossier, il apparaît que vous avez tendance à banaliser votre relation amicale avec lui », remarque le président Raviot, soulignant que le terroriste l’a aidé à déménager et lui a vendu une voiture. Les deux hommes se sont appelés 1.278 fois au cours de l’année qui a précédé l’attaque. Et le soir du 14 juillet, Mohamed Ghraieb a tenté à dix reprises de joindre Mohamed Lahouaiej-Bouhlel.
« Ça fait beaucoup de communications », s’étonne le magistrat. A en croire l’accusé, la plupart de leurs conversations n’avaient « aucun intérêt », Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ne s’intéressant ni à la politique, ni à l’actualité. « Il parlait beaucoup de sport, de protéines, de bouffe, de ce qu’il avait cuisiné. Puis il a commencé à me parler de la danse, de sa passion pour la Salsa. On faisait beaucoup de blagues mal placées. Il se moquait de moi, je ne sais pas. Quand il disait quelque chose, il n’était pas sérieux. »
Devant les enquêteurs, Mohamed Ghraieb avait admis avoir remarqué un changement dans le comportement du terroriste avant l’attaque. « Les derniers temps, il était silencieux. Ça ne m’a pas vraiment attiré l’attention. J’ai pensé qu’il prenait de la drogue, je n’ai pas compris. C’est quelqu’un, tu ne peux pas vraiment parler avec lui. Je pense que je lui ai dit d’aller prendre des vacances en Tunisie, que ça lui ferait du bien. » La justice, elle, le soupçonne d’avoir été témoin de la radicalisation naissante de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, et d’avoir fermé les yeux malgré des éléments troublants. Il y a notamment cette barbe, que l’accusé feint d’avoir découverte avec surprise. Ou cette conversation sur Daesh, en allant à la plage, à laquelle il aurait coupé court.
Mohamed Ghraieb l’avait d’ailleurs révélé aux policiers lors de sa garde à vue : Mohamed Lahouij-Bouhlel regardait tellement de vidéos d’exécution que son accès à Internet avait été suspendu. Aujourd’hui, il promet ne pas se souvenir de cette confidence. « Les enquêteurs ont mal compris mes propos. Je parlais de bagarre de rues, de sport de combat, mais pas d’exécutions », affirme l’accusé au président Raviot, qui s’interroge de sa « sincérité ». « On a du mal à s’y retrouver dans toutes ces explications, souvent confuses, parfois variables », résume le magistrat.
Plus étonnant : en sortant du travail, le 15 juillet au matin, l’accusé rentre chez lui en faisant un détour par la promenade des Anglais, où règne une atmosphère de fin du monde. Par curiosité ? « Ce n’est pas le trajet le plus court », observe le président de la cour. « Pour moi, c’est mon trajet habituel, il n’y a rien de spécial », reprend Mohamed Ghraieb. Le soleil brille ce jour-là sur la Côte d’Azur. Passant près de la plage, il sort son téléphone et se met à se filmer. « Je n’ai pas vraiment d’explication, c’était spontané », ajoute-t-il, assurant que c’est une manière pour lui de « passer le temps ». Sur les images, il affiche une « mine réjouie », note le président Raviot. Et le magistrat de préciser : « Vous avez l’air assez détendu, ça c’est sûr, comme un touriste qui filme une attraction. » L’accusé regrette que cette vidéo ait été « mal interprétée ».

Marié à une protestante, Mohamed Ghraieb assure qu’il condamne « le terrorisme et la violence ». Des messages envoyés depuis son téléphone à Mohamed Lahouij-Bouhlel le 10 janvier 2015 attestent pourtant du contraire. Leur auteur se félicite de l’attentat commis contre la rédaction de Charlie Hebdo trois jours auparavant. « Je ne suis pas Charlie, qu’ils aillent se faire e…. », écrit-il, qualifiant l’équipe du journal satirique de « diables qui insultent notre cher prophète ». « Ce n’est pas moi qui ai envoyé ces messages, jamais de la vie », proteste l’accusé. Qui avance une explication pour le moins surprenante : « Je pense que j’ai prêté mon téléphone à quelqu’un de passage à l’hôtel. » Une réponse qui étonne le président Raviot. « Est-ce un hasard que cette personne ait envoyé ces messages à votre ami ? » Mohamed Ghraieb ne « comprend pas » comment cela a pu arriver.
Des photos des frères Kouachi et de Salah Abdeslam ont été retrouvées sur son ordinateur. Là encore, l’accusé est catégorique. « J’ai pas téléchargé, échangé, et personne ne m’a envoyé des choses comme ça. Il suffit de regarder les sites d’info pour tomber sur ces photos, et ça peut laisser des traces dans l’ordinateur, c’est tout », se justifie-t-il. Mohamed Ghraieb reconnaît être monté à bord du camion qui servira à l’attentat trois jours avant les faits. En revanche, « jamais de la vie », dit-il, il n’a tenté de fournir une arme au terroriste.
Mohamed Ghraieb encourt vingt ans de réclusion criminelle. A partir de mardi, la cour se penchera sur le cas de Chokri Chafroud, Tunisien de 43 ans, en détention depuis 2016, également poursuivi pour association de malfaiteurs terroriste.

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