6 start-up qui dépoussièrent le bilan de compétences – Capital.fr

Trop cher, méthodes formatées, manque d’écoute… Le traditionnel bilan de compétences des cabinets de ressources humaines avait bien besoin d’un dépoussiérage. A l’heure où, selon l’institut de sondages Odoxa, l’envie de changer de métier titille 85% des Français, une nouvelle génération d’associations, de start-up et d’outils en ligne investit ce fructueux marché. A tel point qu’on ne sait plus vers qui se tourner quand il s’agit de dire adieu à son entreprise ! Quitter son secteur, créer sa propre activité ou se booster collectivement pour trouver un job différent : enquête sur ces outils qui nous changent la vie.
Après onze ans dans la communication digitale, Aurélien est devenu… hypnothérapeute. Il a «switché», comme le disent les fondatrices du programme Switch Collective. Ce bilan de compétences «nouvelle génération» a été créé en janvier 2016 par deux insatisfaites des solutions de réorientation classiques. La méthode de Switch Collective a séduit Aurélien, las de son boulot dans la communication : «Contrairement à un bilan traditionnel où on remplit des cases pour avoir trois idées de boulot à la fin, ce n’est pas une démarche orientée vers le métier …
Le but est de se découvrir, à la croisée des chemins entre coaching, thérapie et bilan de compétences.» Le «switch» recouvre en effet plusieurs réalités : «On peut faire le même métier en tant que free-lance, devenir intrapreneur, monter un projet personnel, explique Clara Delétraz, fondatrice, avec Béatrice Moulin, de Switch Collective. Il n’y a pas d’interdit ni de solution toute faite.»
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Pour Aurélien, le programme a été une véritable «révélation». Pendant six semaines, il effectue des exercices pratiques, en ligne ou en présence d’un collectif. Il liste dix moments de sa vie qui l’ont fait vibrer, pose des questions à son entourage sur ses atouts… Des méthodes très en vogue dans les différentes offres de reconversion. «Le but est d’apprendre aux gens à inventer leur parcours et à reprendre leur trajectoire en main», développe Clara Delétraz. «Je me suis ré-approprié mon histoire professionnelle, en gardant ce que j’aimais et en mettant de côté ce qui me déplaisait», constate Aurélien. Le trentenaire a donc troqué la communication digitale contre… le traitement des addictions numériques grâce à l’hypnose.
Depuis sa création, il y a trois ans, plus de 2.500 personnes ont suivi le programme de Switch Collective. D’après les derniers sondages de la start-up, 60% d’entre elles ont changé de d’entreprise, de métier ou de secteur professionnel suite à cette expérience. La méthode coûte entre 250 et 1;998 euros, selon la formule choisie. Celle qu’a retenue d’Aurélien, «Fais le bilan calmement», la plus courue, coûte 696 euros. switchcollective.com
Un groupe d’homme et de femmes de 25 à 50 ans déambulent dans une salle de réunion, du côté de la gare Montparnasse. Ils sont ingénieurs, responsables de ressources humaines, communicants, agents immobiliers… Tous veulent changer de métier ou, au moins, trouver une autre manière de l’exercer. Ils s’arrêtent devant des photos affichées au mur. «Notez quelles sont les photos qui vous inspirent, à quel secteur professionnel elles se rapportent selon vous, et pourquoi elles vous attirent», demande Asma Ghaffari, maître de conférence à Centrale, qui encadre les participants. Bienvenue dans l’univers de Primaveras.
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Pendant cinq jours, 10 personnes vont suivre les ateliers collectifs de cette association, pour faire le point sur leurs valeurs, leurs compétences, leur environnement de travail rêvé… Et esquisser leur avenir. Ils repartiront avec des objectifs à remplir, des métiers à tester, et reviendront une journée par mois, durant six à neuf mois, pour affiner leur projet. «Le changement de posture professionnelle demande du temps. Il faut une phase d’expérimentation de ses nouveaux choix, précise Laurent Polet, professeur à l’école Centrale de Paris et cocréateur de cette méthode imaginée en 2013. Nous sommes partis du constat que les ingénieurs tout juste diplômés voulaient changer de voie en dépit de leur parcours prestigieux. C’est d’abord à ces profils que nous nous sommes adressés et, progressivement, d’autres personnes sont venues vers nous.»
Primaveras propose plusieurs formules fondées à la fois sur le collectif et l’accompagnement individuel. Les tarifs varient en fonction des revenus et de la formule adoptée. La particularité de l’association : ses programmes sont éligibles au Compte personnel de formation (CPF) et elle délivre, à la fin de l’accompagnement une «certification en prise de décision complexe», reconnue par le Répertoire national des compétences professionnelles (RNCP). Une jolie ligne à valoriser sur le CV à l’heure où les soft skills sont particulièrement appréciés.
primaveras.fr
L‘idée de Ticket for Change est venue à Matthieu Dardaillon durant un voyage en Inde, après des échanges avec des entrepreneurs sociaux. «On voulait lutter contre le sentiment général de ne pas pouvoir changer le monde», explique Adèle Galey, membre de l’équipe. En 2014 naît le Parcours Entrepreneur : six mois d’accompagnement à distance avec des formations en ligne (penser à son business plan, choisir son statut, communiquer sans budget…) et un mentorat par Skype. Au programme également : dix-huit jours dans différentes villes de France, ponctués de sessions de coaching et de rencontres avec des entrepreneurs locaux inspirants.
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La première année, seules 50 personnes participent à ce tour de France. Depuis, l’association est devenue un véritable référent de la reconversion professionnelle. Le mooc «Devenir entrepreneur du changement», qu’elle a créé en partenariat avec HEC, a été suivi par plus de 70.000 personnes depuis son lancement en 2015. Ticket for Change a également développé son offre et accompagne aujourd’hui trois types de profils en quête de sens dans leur travail et préoccupés par les enjeux sociétaux : ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, les «agents de l’ombre» qui rêvent de changer les choses au sein de leur entreprise et, bien sûr, les salariés en reconversion.
Côté public, pas de surprise : le programme attire principalement des trentenaires de catégorie socio-professionnelle favorisée, le plus souvent issus d’écoles de commerce. «Des gens qui ont la possibilité de se poser ces questions», admet Adèle Galey. Pour participer au Parcours Entrepreneur, il faut avoir une idée de création d’activité et postuler auprès de Ticket for Change. Comptez entre 800 et 1.500 euros la formation, selon vos ressources.
ticketforchange.org
En 2009, Tom Rippin, ancien manager de la société de conseil McKinsey, crée On purpose, à Londres. Il s’inspire du Graduate Programme réservé aux diplômés des grandes écoles, qui les fait évoluer dans les différents services d’une entreprise pour qu’ils trouvent la place qui leur convient, et adapte le concept aux entreprises sociales. Il propose ensuite à des talents en quête d’un métier porteur de sens d’intégrer ces structures. Depuis son installation à Paris, en 2015, l’école a accompagné plus de 500 personnes au sein de son programme Associés.
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On purpose s’adresse à des candidats à la reconversion ayant au moins trois ans d’expérience et qui ont suffisamment fait leurs preuves pour pouvoir endosser un poste de cadre à responsabilités. «On repère des compétences transférables d’une entreprise à une autre, comme la gestion de projet, la conceptualisation ou la résolution de problèmes, indique Rima Mokaiesh, responsable des recrutements. Puis on place nos associés dans deux entreprises sociales, sur deux missions de six mois. Ils sont payés 22.000 euros bruts l’année.» Que ce soit dans l’éducation, la santé, l’insertion ou l’environnement, les structures sont sélectionnées selon deux critères : placer le sens avant le profit et être économiquement viables.
Les candidats passent trois entretiens, dont un en anglais. Une reconversion clés en mains, ça se mérite : seuls 10% des postulants sont retenus. Il faut dire que l’offre est alléchante : en plus d’être placés et payés, les associés bénéficient de quatre heures de formation par semaine, d’une remise à niveau, d’un mentorat tout au long de l’année et de douze heures de coaching individuel. «Le changement de vie professionnelle est un vrai voyage vers la connaissance de soi. On travaille sur des blocages comme le manque de confiance», explique Rima Mokaiesh. A l’issue du programme, 30% des participants sont embauchés dans l’une des structures où ils ont effectué leurs missions.
onpurpose.org
A 30 ans, Claire Dupuis-Surpas, avocate, a envie de changer de métier. Logiquement, elle commence par réaliser un bilan de compétences, qui lui coûte 5.000 euros… et la convainc qu’il est temps de réinventer cette mise au point professionnelle ! «J’avais des entretiens réguliers avec un consultant qui voyait dix personnes par jour et ne s’investissait pas du tout», raconte-t-elle. En 2016, elle lance le site collaboratif Ensemble1job, avec l’ambition de rendre ce bilan collectif et financièrement accessible.
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Le principe : pour 450 euros, on rejoint un groupe de quatre personnes qui s’entraident pendant vingt semaines et se rencontrent à 16 reprises afin de peaufiner leur projet professionnel, accompagnés par un consultant qui intervient en ligne sur un espace de travail collaboratif. «Son rôle est d’aider le groupe sur la méthode et de le remotiver pour qu’il maintienne un bon rythme de travail.» Identifier ses ressources en partant de situations concrètes, personnelles ou professionnelles, apprendre à se présenter, cerner ses valeurs… «Les participants se confrontent les uns aux autres, lèvent des blocages, se donnent des idées, jusqu’à ce que chacun ait un objectif», indique la fondatrice.
Pour Ensemble1job, le mot «projet» englobe plusieurs possibilités et pas seulement celle d’une reconversion. «Ils sont aujourd’hui nombreux à vouloir aller garder des chèvres au fin fond de la montagne… Ce sont souvent des gens qui ont vécu des conflits au travail et remettent tout en question. Mais la reconversion n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est d’être heureux. Cela peut passer par un simple changement de poste dans son entreprise ou par la concrétisation d’un rêve personnel», explique Claire Dupuis-Surpas. Depuis sa création, Ensemble1job a accueilli 130 participants. Actuellement présente à Paris, Nantes, Lyon et Poitiers, l’entreprise devrait bientôt se développer à Bordeaux.
ensemble1job.fr
PulseMyJob est l’outil pragmatique de ceux qui souhaitent trouver des offres d’emploi tout en élargissant leur horizon professionnel. Le tout, gratuitement. «On répond à un besoin non couvert jusqu’ici : obtenir une synthèse de ses aspirations professionnelles, trouver des métiers qui sont en rapport et les offres d’emploi qui vont avec», explique Jean-Julien Primack, cocréateur de PulseMyJob. L’offre repose sur des algorithmes d’intelligence artificielle qui s’intéressent à la fois au profil (formation, expérience, qualités…) et aux critères de l’utilisateur (métier, salaire, zone géographique). En fonction des compétences renseignées, l’algorithme fouille parmi 250.000 offres de Pôle emploi et de ses partenaires et déniche des pistes alternatives pour retrouver un job.
«Ceux qui ont leur propre réseau et ne sont pas intéressés par notre base de données peuvent utiliser PulseMyJob uniquement pour la partie synthèse professionnelle, précisent les cofondateurs. Cela permet de faire un point sur soi, d’avoir des idées de milieux professionnels qui peuvent nous correspondre.» L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les conseillers de Pôle emploi ou les coachs professionnels ? «On n’en est pas encore là et, de toute façon, ce n’est pas souhaitable. Notre approche est complémentaire d’un accompagnement humain», avancent ces geeks intelligents. Peut-être une première étape avant d’envisager un suivi par l’IA plus poussé !
pulsemyjob.com
«J’ai suivi le programme de Ticket for Change en 2016, après quatorze ans passé dans le secteur bancaire. J’étais lasse de ce travail et, dans mon service, beaucoup de personnes étaient sur le point de partir à la retraite. Nous avions des discussions sur l’envie et l’appréhension de sortir de la vie professionnelle, ce qui m’a donné l’idée de créer Benevolt, une plateforme de bénévolat pour les retraités actifs, avec mon associée Amélie Arcile. J’ai donc profité d’un plan de départs volontaires pour suivre le programme. Cela m’a aidée dans les premières étapes de création de mon projet et m’a poussé à travailler de façon globale : des valeurs qui m’animent au business plan de mon activité, en passant par la façon dont je devais incarner celle-ci à travers la communication non verbale… La pédagogie est très complète. Le parcours est semé d’embûches, mais je ne regrette vraiment pas de m’être lancée dans l’aventure.»
«Dans mes différents postes, très intéressants mais terriblement prenants, j’avais toujours la tête dans le guidon. Je ne réfléchissais pas assez à ce que je faisais. En 2016, j’ai quitté mon job de responsable gestion dans le secteur de l’énergie pour intégrer On Purpose. J’avais envie d’autre chose et le secteur associatif m’attirait. J’ai intégré les directions financières de deux associations. Au-delà des missions, le mentorat et le coaching m’ont permis d’élargir le champ des possibles, de me mettre moins de barrières et de me sentir légitime dans le monde associatif. Je travaille aujourd’hui à la direction financière d’une association et ma quête continue. Avec les membres de ma promotion, on se voit régulièrement pour s’entraider et mettre en pratique ce qu’on a appris.»
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