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En convoquant le ban et l’arrière-ban de la scène humoristique française pour rejouer à l’identique les sketchs écrits il y a trente ans par le trio Bourdon-Campan-Légitimus dans Tous Inconnus, TF1 a rendu aux auteurs de Télémagouilles un hommage dont la dimension involontaire est finalement la plus élogieuse : la cause est entendue, il n’y a qu’eux pour être aussi drôles qu’eux. Malgré les moyens mobilisés pour la production, la présence des trois stars elles-mêmes et le casting foisonnant de la fiction diffusée ce lundi 14 novembre, la mayonnaise ne prend jamais et le rire est absent. Reste un étrange vertige en éteignant la télévision : qu’avons-nous regardé, au juste ? Telle est la question sinusoïdale de l’anachorète hypocondriaque : incontestablement ratée, cette expérience n’en est pas moins riche d’enseignements sur l’exploitation du filon de la nostalgie par la « télé zombie ».
L’argument du téléfilm proposé, déjà appliqué aux Beatles dans le film Yesterday, n’est pas un modèle d’originalité. Il tient en une phrase : et si Les Inconnus se réveillaient un jour dans un monde où ils sont vraiment inconnus ? Cette toile de fond narrative sert de prétexte pour enchaîner la diffusion de sketchs, lesquels sont l’œuvre d’autres auteurs dans cette réalité alternative. Les Chasseurs, Isabelle a les yeux bleus, Maîtresses et patients, Cinéma Cinémas… en tout, 19 sketchs sont repris par des comédiens « professionnels » – Pierre Chesnais, François Berléand, Isabelle Nanty, Élie Semoun, François-Xavier Demaison, Pascal Elbé, Michel Boujenah, Baptiste Lecaplain, Manu Payet, Jonathan Lambert, Arnaud Ducret, Pierre Palmade, Chantal Ladesou, Bérangère Krief, Ahmed Sylla, Artus… – et d’autres beaucoup moins – M Pokora, Soprano, JoeyStarr, Élodie Frégé, Christophe Willem, Nikos Aliagas, Camille Combal, Adil Rami, McFly & Carlito.
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Connaître par cœur la moitié du répertoire de la bande à Bourdon n’empêche pas d’être un rien embarrassé devant l’ampleur de l’ego trip. S’agit-il pour le casting de baiser la babouche des rois mages ou de profiter de leur visibilité ? Les personnalités invitées, presque toutes issues de la troupe des Enfoirés dont la grande cheffe Anne Marcassus produit l’émission, verront en tout cas leurs noms affichés à l’écran à chaque apparition. « Certains, que j’ai eus au téléphone, m’ont dit qu’ils avaient très peur, qu’ils étaient sponsorisés par Pampers », assurait Pascal Légitimus pendant la promotion de l’évènement. Plus gênant encore : le dispositif de la soirée – qui donne lieu à moult séquences « méta » lourdingues lors desquelles le trio se demande s’il est utilisé « pour présenter une émission » à son insu, ha-ha – revient à regarder Les Inconnus s’auto-ériger en monument de la pop culture. Voire en classique. « C’est, en toute modestie, comme des comédiens qui reprennent du Molière. C’est joué, rejoué à la manière de… », ajoutait le même Légitimus.
Et c’est là que le bât blesse : alors même qu’ils sont encore imprimés dans la rétine des Français, les sketchs ne sont pas adaptés, mais répliqués. Voix off originales reprises telles quelles, plans reproduits à l’identique, textes souvent respectés à la virgule près… le souci du détail dans cette reconstitution va jusqu’à avoir retrouvé la même voiture de police pour la parodie de reportage FR3 dans un commissariat de police. Devant ce spectacle mêlant amour par procuration et falsification de la mémoire, le téléspectateur, qui aura en prime droit à une authentique rétrospective après l’émission, ne sait plus sur quel pied danser. Que doit-il ressentir ? La nostalgie d’une époque durant laquelle il était possible « de rire de tout » ou la drôlerie encore vivace des sketchs ? Alors qu’ils cumulent des dizaines de million de « vues » sur Youtube, provoquent encore des rires spontanés et immédiats, Les Inconnus se muséifient avant l’heure, se posant eux-mêmes en dinosaures d’un autre temps.
De sorte que la dénonciation pleurnicharde du « politiquement correct » semble complètement à côté de la plaque. A un personnage de directrice des programmes censé représenter l’époque et son puritanisme conscientisé, les humoristes font dire : « Vous savez que vous allez avoir de sérieux problèmes ? Et puis arrêtez de me regarder comme ça parce que je me sens limite agressée, je vous préviens. C’est très bien l’humour, il en faut. Je valide, je cautionne, je suis solidaire. Je suis pour un humour inclusif et bienveillant. » Rendez-vous compte ! Le poids de la bien-pensance est tel que les Inconnus sont obligés de se réfugier dans la case de soirée de la chaîne la plus regardée de France, bastion bien connu de la subversion.
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Alors que les satires que sont La guerre mondiale dans le monde, Les publicitaires ou Le débat de la cinq restent d’une actualité criante malgré leur ancrage dans les années 90, leurs auteurs auraient-ils troqué, l’âge aidant, le poil à gratter pour les pantoufles et l’ironie mordante pour un point de vue tranquillement conservateur ? On comprendrait dès lors qu’ils se satisfassent d’une télévision qui fait du neuf avec du vieux, se bornant à éternellement recycler ce qui « était mieux avant ».
Il s’agit d’une tendance lourde chez TF1, qui s’apprête à confier son Late Show à Alain Chabat : en décembre 2020, l’adaptation des sketchs de Muriel Robin avait fait un carton avec 6,4 millions de téléspectateurs. Dans la foulée, le « remake » du spectacle Ils s’aiment du duo Robin-Palmade avait lui aussi enregistré de bonnes audiences. Début 2023, un « prime » spécialement consacré à Un gars une fille doit également avoir lieu avec d’autres acteurs qu’Alexandra Lamy et Jean Dujardin. « On ne peut plus rien dire » ? Peut-être faudrait-il commencer, comme Antenne 2 il y a trente ans, par donner la parole à d’autres, encore inconnus…
Par Louis Nadau
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