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Tous les parents vous le diront : avoir un enfant, c'est beaucoup de bonheur, mais aussi beaucoup de souci. Passé l'âge du berceau viennent rapidement les caprices, crises de rage, bêtises et autres tensions qui peuvent, si elles ne sont pas bien gérées, dépasser les parents et gâcher beaucoup de beaux moments. Isabelle Filliozat, maman de deux enfants et psychologue, a écrit un guide pour les parents désemparés intitulé "'J'ai tout essayé !' Opposition, pleurs et crises de rage : traverser la période de 1 à 5 ans".
"En tant que maman, j'ai vécu des moments de grands bonheur lorsque je me sentais en phase avec moi-même, et j'ai aussi vécu des instants de grande détresse. […] J'aurais aimé trouver un livre qui me donne des informations sur ce que pouvait vivre mon enfant dans telle ou telle situation, et définir ma propre attitude." Ce livre est désormais au top des ventes chez Amazon dans la catégorie "Savoir et découvertes pour adolescents". Rempli de précieux conseils et de dessins imagés, il guide le parent pas-à-pas au travers des mauvaises passes. Pour vous, LCI a sélectionné les conseils de l'auteure pour gérer dix situations de crise les doigts dans le nez.
Souvent violentes et interminables, les crises de rage sont le cauchemar des parents. Des hurlements à vous percer les tympans, des larmes de crocodile et des balbutiements incompréhensibles articulés entre deux hoquets… La situation peut facilement faire céder la patience de n'importe quel adulte. Dans ces cas-là, la réaction la plus facile, et certainement la plus courante, est de riposter avec colère. Crier plus fort que son enfant pour le faire taire. Voire, la fessée (que nous vous déconseillons ICI). D'autres préféreront céder à ce qu'ils interpréteront comme un caprice en donnant à l'enfant ce qu'il réclame, ou ignorer la situation, pensant qu'il finira par se calmer tout seul.
Or, selon Isabelle Filliozat, ces solutions sont loin d'être la bonne manière de réagir. Interpréter la crise en pensant que son enfant fait un caprice devant des paquets de bonbons au supermarché, par exemple, serait une erreur. "Le cerveau d'un bambin reçoit des milliers de stimuli sensoriels et il n'a rien à faire [quand il est assis dans le caddie, ndlr.], donc pas de direction pour trier et organiser ces stimuli qui excitent ses neurones. […]. Vouloir des bonbons est une tentative de reprise de contrôle face à l'excès de stimulations", explique celle qui est aussi directrice de l'Ecole des Intelligences Relationnelle et Émotionnelle. La bonne réaction ne serait donc ni de lui acheter un paquet de bonbon, ni de le gronder, ni de l'ignorer, mais de l'englober avec tendresse et solidité, même s'il se débat. Ce qui déclenchera "une sécrétion d'ocytocine, une hormone qui l'aidera à se calmer, à développer les voies de communication neuronales qui l'aideront à gérer ses émotions toute sa vie".
Mais parce qu'il vaut toujours mieux prévenir que guérir, la psychologue conseille, pour éviter ces crises de rage, de stimuler l'enfant lorsqu'il se trouve dans un nouvel environnement ou un endroit riche en sollicitations. Au supermarché, demander à un enfant de choisir les pommes, par exemple, ou de les peser, canalisera son attention. "Son cerveau va sécréter de la dopamine, l'hormone de la motivation, de l'action volontaire, une hormone qui diminue le stress et inhibe les systèmes de la peur et de la colère", décrit l'auteure du livre.
C'est bien connu, les enfants ne sont pas patients. Ainsi, si vous avez le malheur d'évoquer un possible tour de manège dans l'après-midi, votre bambin risque fort de vous le réclamer toutes les cinq minutes de votre journée. De 12 à 18 mois, les petits ont du mal à se représenter le futur. "'Toute à l'heure', 'dans dix minutes' sont pour eux une éternité. Ils n'ont pas encore acquis les repères temporels qui leur permettront de se faire une idée de ces durées relatives", développe Isabelle Filliozat. Ainsi, faire comprendre "très vite" à son enfant que l'on a bien entendu sa demande peut déjà suffire à le calmer. Vous pouvez aussi lui confier à l'avance les tickets de l'attraction, en lui indiquant qu'il pourra les utiliser juste après le goûter. Des indications qui devraient pouvoir le faire patienter.
Les mots "je veux", ne seraient de plus, selon l'auteure, pas à prendre forcément au pied de la lettre. "Les parents interprètent les "je veux" comme des exigences en oubliant qu'ils ont eux-mêmes enseigné ces mots 'tu veux…?'. En réalité, l'enfant explore sa capacité à penser en images et y prend plaisir", explique-t-elle. L'enfant de moins de trois ans peut également confondre le verbe "vouloir" à ceux de "penser à", "croire", "aimer" ou encore "reconnaître". Il l'utilise donc à toutes les sauces sans forcément désirer réellement quelque chose. Parfois, la seule interaction sur l'objet de son "désir" avec un adulte peut contenter un enfant. "Le plaisir d'imaginer ensemble satisfait l'enfant qui est décidément plus intéressé par le processus que le contenu."
Pour les parents, la période du "Non !" peut être très difficile. C'est la première fois que l'enfant remet en question leur autorité. Il est assez facile, dans ce cas, de basculer dans le jeu de l'enfant et de crier plus fort que lui. Mais pour Isabelle Filliozat, c'est justement la pire façon de procéder. "La phase du 'Non' systématique ne peut durer qu'une semaine, juste le temps de vérifier 'je ne suis pas toi, j'ai le droit d'être moi'. L'opposition ne s'installe que si le parent refuse la différenciation." Le véritable besoin de cette période ne serait ainsi pas de s'opposer mais de se différencier.
La meilleure technique est donc de laisser l'enfant s'affirmer, mais dans un cadre bien défini. Au lieu de lui donner un ordre, auquel il répondra systématiquement "Non", offrez-lui un choix : "Tu veux mettre tes chaussures rouges ou tes chaussures vertes ?". Vous pouvez aussi installer des routines pour éviter de donner des ordres. Donner des informations qui sous-entendent qu'il faut passer à l'action peut également fonctionner : dire "tes copains arrivent dans trois minutes !" induit par exemple que l'enfant doit aller s'habiller, ranger sa chambre… "Double avantage : il se vivra comme un sujet, et donc n'aura pas besoin de s'opposer", développe Isabelle Filliozat.
Entre 12 et 18 mois, un enfant supporte rarement bien la séparation, même brève, avec l'un de ses parents. Et cela n'est pas dû à une carence d'amour, explique Isabelle Filliozat. "Quand vous disparaissez à ses yeux, les hormones de stress l'envahissent. Sa réaction mammalienne est naturelle." Cette anxiété, commencerait selon la psychologue entre 7 et 12 mois et atteindrait son pic entre 10 et 15 mois. Pour l'apaiser, vous pouvez lui confier une photo de vous, ou un morceau de tissu sentant votre odeur.
Votre enfant est une pile électrique et vous n'arrivez pas à vous faire entendre ? Comme pour la prévention des crises de rage décrite plus haut, tentez de canaliser son énergie autrement. En lui donnant un objectif ou une occupation par exemple. "Il est inutile et nocif pour son cerveau comme pour son équilibre psychique de le punir parce qu'il ne tient pas en place", précise Isabelle Filliozat.
D'autre part, interdire les choses est selon l'auteure du livre contre-productif. "Les permissions focalisent l'attention de l'enfant sur le comportement désiré. Les interdits focalisent l'attention sur le comportement problème." Si son comportement est dangereux, mieux vaut le lui signifier pour lui faire entendre raison plutôt que de poser une interdiction, "car tôt ou tard, un interdit se transgresse".
L'âge où les enfants commencent à marcher coïncide généralement avec le début des bêtises. Or, si les limites que nous posons paraissent évidentes, "elles sont loin de l'être pour le tout-petit qui n'en saisira le sens que vers quatre ou cinq ans", indique Isabelle Filliozat. Ainsi, un enfant en bas-âge, qui n'a pas l'impression de faire quelque chose de mal, ne comprendra pas forcément ce qu'il se passe si vous criez "Non !" "Ce n'est qu'à partir de 4 ans qu'il pourra se sentir coupable en dehors du regard de l'adulte", explique l'auteure du livre.
Mieux vaut utiliser l'injonction "Stop !", "plus efficace et moins ambigu". Il est de plus moins blâmant et a l'avantage d'interrompre le mouvement. Il est important, ensuite, d'expliquer pourtant ce qu'il fait est interdit. N'hésitez pas non plus à intervenir physiquement pour guider les gestes de l'enfant et lui montrer la bonne manière de procéder (pour caresser un animal par exemple). Cela va "inscrire la consigne dans son corps".
Pour Isabelle Filliozat, les punitions sont totalement inutiles, s'adressant "aux symptômes et non aux causes des problèmes" et empêchant chez l'enfant "l'émergence du sentiment sain de culpabilité" en détournant de son attention vers des sentiments négatifs à l'égard du parent". "Si les punitions éduquaient, il y a belle lurette que l'espèce humaine ne commettrait plus de crimes", commente-t-elle.
La télé a ce pouvoir d'hypnotiser les enfants. Cela peut arranger les parents qui profitent pendant ce temps-là d'un moment de tranquillité, mais il est ensuite très difficile d'arracher les bambins aux griffes du petit écran. "Il n'a pas envie que ça s'arrête. Il éprouve du plaisir à regarder. Son cerveau sécrète des opioïdes.", explique la psychologue. "Lorsque vous éteignez le poste de télévision le taux de peptides opioïdes chute brutalement et active les centres de la douleur. D'où la crise…"
En clair, éviter les pleurs et les cris est presque impossible. Isabelle Filliozat conseille cependant de les accueillir avec empathie. En entendant que l'adulte admet sa colère et sa frustration, l'enfant se sent compris et se comprend lui-même. Si au contraire il perçoit que le parent a peur de la colère, il risque de devenir violent ou de contenir sa rage (dont l'expression lui permet pourtant d'accepter sa frustration).
"Je ne veux pas dormir !", "Je n'ai pas sommeil !"… Parvenir à coucher son enfant peut être un véritable calvaire. Pour la psychologue, inutile de le maintenir de force dans son lit. La clé serait avant tout de respecter son rythme, sans pour autant le laisser décider de l'heure du dodo. Ainsi, le rituel du coucher (enfiler son pyjama, se brosser les dents et écouter une histoire) doit commencer dès les premiers signes de fatigue. Pour un enfant de 2 à 3 ans, "les cycles naturels de sommeil se décalent", ajoute Isabelle Filliozat. "Un endormissent physiologique vers 22h, voire 23 heure n'est pas rare."
S'il a tendance à faire des cauchemars, vous pouvez aussi lui proposer de parler, avant de dormir, de ce qui a été difficile dans sa journée, le faire dessiner celle-ci ou encore de confier ses problèmes à une poupée à soucis. Il se réveille malgré tout après un cauchemar ? Faites-lui dessiner le monstre ou demandez-lui d'imaginer la fin de son rêve en faisant intervenir un héros.
"Et une cuillère pour… Papa !" Pour faire manger votre bambin, vous avez sûrement usé de nombreuses stratégies. S'il refuse d'avaler quoi que ce soit, ce n'est, selon l'auteure, peut-être pas à cause du contenu de l’assiette mais la manière dont son repas lui est servi. Peut-être a-t-il envie de tenir la cuillère ? De manger à table avec les grands ?
La psychologue insiste aussi sur le fait que le parent doit bien considérer les portions qu'il essaye de faire avaler à son enfant. "Pour relativiser et déstresser, au parent de monter sur la balance ! Ça y est, vous avez votre poids ? Considérant le contenu de votre assiette au regard de ce poids, si vous appliquez ce même rapport poids/quantité à l'assiette de votre petitou, vous pourrez probablement diviser par quatre ses portions !"
Si votre cher et tendre prétexte, comme à peu près chaque semaine, un mal de ventre, de tête ou de la fièvre pour ne pas aller à l'école, nul besoin de vous énerver. Un mot : la responsabilisation ! Isabelle Filliozat conseille ainsi le jocker, une permission exceptionnelle de ne pas aller en classe une journée ou une matinée. Selon elle, le nombre de jockers peut varier selon l'âge de l'enfant, mais elle en attribue trois pour un enfant âgé de 4 ans et demi à 5 ans. Il est également très important de parler à sa fille ou à son fils pour déterminer le vrai problème. Une phobie scolaire ou un harcèlement de la part de ses camarades de classe est en effet à prendre très au sérieux.
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